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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

17 Nov

Les grands tourments

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #les exilés de l'arcange

Auteur Michel Zordan - Extrait : les grands tourmentsFin 1929, pour échapper à la vindicte d’un fasciste fanatique papa décide de notre exil en France. Le 3 février 1930, la famille Montazini, Émilio, mon papa, Mariéta ma grande sœur et moi Sylvio arrivons en Gascogne, dans le Gers. C’est au château Tourne Pique, dans la bourgade de Floréal que nous posons nos valises. À peine quatre mois plus tard, le capitaine Aristide Clément Autun, propriétaire du château, propose à papa d’acheter la ferme de L’Arcange. Délaissée depuis plusieurs années, ses terres sont réduites à l’état de friches, mais cela nous est complètement égal. Nous sommes les plus heureux au monde, nous avons  enfin une maison bien à nous et l’important est là… En septembre 1933, le père Guillaume, un religieux de l’abbaye de Flaran, nous apprit l’origine du nom de L’Arcange.

 

Âgée de 15 ans, Mariéta poursuit ses études au Lycée Henri IV à Paris. Depuis septembre 1932, elle tient compagnie à une pétillante vieille dame, Edmonde de Barsac. Cette Dame affectueusement surnommée par papa, la Dame en Blanc a fait irruption dans notre vie dans des circonstances assez extraordinaires. C’était vers la fin de l’été 1931, en remontant vers un passé riche en évènements ayant une fois de plus poussé la France dans le tumulte.

Papa travaille en alternance au château Tourne Pique et sur notre ferme de L’Arcange. 

 

Je suis né comme ma sœur Mariéta et mon papa Émilio  en Italie, dans la région des Abruzzes. Mon anniversaire c’est pour bientôt, le 12 janvier prochain je fêterai mes 12 ans. Depuis octobre dernier, j’étudie au  lycée Bossuet  de Condom.  

 

Notre installation dans la ferme de L’Arcange six mois seulement après notre arrivée en France n’a pas manqué de susciter haine, hostilités et jalousies parmi certains habitants de Floréal. Et pour ne rien arranger, notre passé nous rattrapa et bonheur alterna singulièrement avec malheur. 

 

Début septembre 1932, le hasard ou le destin ou autre chose nous mêla une fois de plus à un drame horrible survenu dans le bourg de Floréal. C’est à cette époque que je rencontrai Amandine Sentenal.  Nièce de madame Éliette, l’épouse du capitaine Aristide Clément Autun, la blondinette venue passer quelques mois au château pour se refaire une santé y resta jusqu’en septembre 1933. Pendant toute une année, nous ne nous sommes pratiquement pas quittés et le jour de la séparation fut très éprouvant. Maintenant, nous nous écrivons et nous nous rencontrons régulièrement. Petit à petit, notre amitié s’est transformée en des sentiments plus profonds.

 

Hier avec papa nous fêtions le 1er de l’an 1934 chez madame Éliette, au château Tourne Pique. Nous y avons retrouvé Amandine et ses parents. Ils sont repartis ce matin. En début d’après-midi je décidai de faire un saut à la Rondouillère, pour souhaiter la bonne année à mon amie Séverine Jacquard. Jamais je n’avais trahi son secret, même Amandine n’était pas au courant, seuls papa et moi savions. Je m’étais maintenant presque sorti de l’idée qu’elle pouvait être une espionne à la solde des nazis ou des fascistes, presque…

 

La dame mystérieuse me proposa une balade dans sa magnifique Bugatti. Je la sentais très excitée, presque euphorique. C’est là qu’elle m’apprit que l’un de ses amis avait rencontré aux États-Unis un célèbre chirurgien. Selon lui, ce spécialiste en greffes de peau devait pouvoir, en partie du moins, réparer les dégâts occasionnés par l’accident dont elle avait été victime.

 

– Vous n’allez plus revenir ici ? Vous allez vendre la Rondouillère ?

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