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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

30 Aug

Les grands cormorans

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Bibliographie Michel Zordan, #Les grands cormorans, #rentrée littéraire

François-Léopold, Ambroise de Montignac, vous n’êtes pas ce qu’on pourrait appeler un mauvais garçon, alors pourquoi tant de haine ?

La haine peut revêtir plusieurs visages. Une couleur de peau, une culture, une religion, une préférence politique,  peuvent faire naître ce  sentiment que certains qualifient d’odieux. Mais on peut aussi haïr pour bien d’autres raisons, parfois bien difficile à cerner.  La haine est un sentiment qui se cultive.  L’assouvir permet les vilénies les plus obscures, les bassesses les plus répugnantes et pourtant, s’y résoudre peut être un ravissement, une délivrance, une libération.   Ce sentiment naît très souvent d’une simple petite graine  que certains qualifient de mauvaise, semée un jour de vent très violent. Un bon terreau, une  petite pluie fine, un peu de chaleur,  et hop, ça germe, et bientôt la première petite feuille apparaît.  Ça monte doucement, mais inexorablement. Petit à petit, ça vous gagne, ça vous enveloppe et vous vous demandez comment vous allez l’exploiter, comment vous allez l’assouvir. Lorsque le sentiment de vengeance se propose en renfort,  vous savez que rien ne pourra plus vous arrêter.

Je me présente, François-Léopold de Montignac, Ambroise de mon deuxième prénom.  Je suis, l'aîné d’une noble, riche et très (honorable) famille Bordelaise. La particule, nos aïeuls  l’ont conquise dans la nuit des temps.  Mon père par procuration, Archibald de Montignac, en a hérité et n’a fait que suivre les concepts érigés dans une autre époque. Même si aujourd’hui  les particules ne se conquièrent plus sur les champs de bataille,   je dois quand même l’avouer, Archibald  de Montignac a su conserver  son lustre en guerroyant dans les affaires, avec beaucoup de pragmatisme.   

Pour tout vous dire, je ne suis pas le fils de mon père,  Archibald de Montignac, mais le fils naturel de mon oncle, son jeune frère,  Amaury de Montignac.  C’est ma mère, Victorine de Mazère,  sur son lit de mort qui m’a fait cette révélation.  Elle aimait follement Amaury,  Amaury l’aimait follement (sans doute pas assez), mais voilà,  les intérêts des deux familles ont été plus forts que leur amour.  Et la fille unique et héritière de la famille Mazère, gros marchand en vins et spiritueux,  a été plus ou moins contrainte d’épouser, Archibald,  l’aîné de la famille Montignac, autre gros marchand en vin et spiritueux. Le problème était, que moi, François-Léopold, j’étais déjà conçu.  Et mon père  par procuration, Archibald, même s’il m’a reconnu, ne m’a jamais considéré comme son véritable fils. J’ai toujours ressenti de lui, non pas du mépris (un peu quand même) mais une certaine distance qui m’empêchait de voir en lui un véritable père. Mon véritable père, Amaury, le cadet, est lui considérer par Archibald son frère aîné, mon père par procuration, comme un saltimbanque, pour ne pas dire un loser, un fainéant, un bon à rien,  qui  a dilapidé son héritage. Comme il aime à le répéter,  l’argent lui a filé entre les doigts, en moins de temps qu’il n’en faut au ferry-boat du port de Marseille pour faire sa traversée. Ça reste plus ou moins en famille, mais Archibald, ne perd jamais une occasion de le lui rappeler.

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