Les sorcières existent, la preuve !!!

Pour faire ses potions magiques, la sorcière a besoin de bouillon de drôles, de bile de crapaud, de foie de corbeau et de fiel de blaireau.

Les Prémices - série les exilés de L'Arcange - Auteur Michel ZORDAN -

Extrait - À l’autre bout du chai à barrique, Armand Malcoeur, qui suivait notre conversation, se rapprocha de nous. Il avait senti l’inquiétude naissante dans nos voix.

– Vous savez les drôles, maintenant qu’elle vous a repérés, il vaut mieux pour vous ne pas sortir seuls la nuit, surtout vers minuit. Une fois, je me suis trouvé sur la route, pas très loin de Colason. C’est là qu’elle habite, dans une maison toute démolie dans laquelle les arbres poussent. Je revenais de chez mon frère, j’ai crevé et je n’avais rien pour réparer. Alors j’ai marché à côté de mon vélo. C’était une nuit sans lune, on n’y voyait pas à un mètre. Un orage terrible a éclaté, mais chose assez bizarre, il ne pleuvait pas.

Amandine et moi buvions les paroles d’Armand, qui bien entendu faisait traîner l’histoire.

– Comme je vous le disais, je marchais à côté de mon vélo, lorsqu’un terrible orage a éclaté. J’avais déjà entendu parler de cette sorcière et lorsque je suis passé à côté de sa maison, un éclair gigantesque a zébré le ciel ; le bruit du tonnerre était assourdissant. D’habitude, les éclairs et le tonnerre, ça ne dure seulement que quelques secondes, mais cette fois-là c’était terrible. Je suis certain qu’il s’est passé cinq bonnes minutes avant que cela ne s’arrête. La maison était à environ 100 ou 150 mètres de la route, et il m’a semblé voir dans le ciel quelque chose qui se déplaçait vers la vieille baraque. C’est juste après que j’ai entendu des cris terrifiants qui provenaient de la maison. Je suis certain que la sorcière avait attrapé un drôle ou peut-être même deux, et les avait trempés dans le chaudron plein d’huile bouillante et de souffre.

Nous étions certains qu’Armand Malcœur nous racontait des histoires, mais il subsistait tout de même quelques petits doutes. Tranquillement et sûr de lui, le narrateur poursuivait son histoire. Madame Éliette s’était jointe à nous, mais tellement absorbés par le récit, nous ne l’avions même pas vue arriver.

– Cette sorcière, elle est aussi rebouteuse et guérisseuse. Pour faire ses mixtures et potions magiques qui guérissent, elle a besoin de bile de crapaud, de foie de corbeau et de fiel de blaireau. Mais ce n’est pas tout, et ça c’est très important, elle a aussi besoin de bouillon de drôles. Lorsque elle n’en trouve pas, elle attrape n’importe qui, pourvu qu'il soit petit, ça guérit moins bien, mais elle n’a pas le choix.