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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

20 Apr

les cahiers de mon père

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Michel Zordan, #médias, #les exilés de l'arcange, #Littérature, #Loisirs&Culture, #Un auteur du Sud Ouest, #rentrée littéraire, #roman

les cahiers de mon père
les cahiers de mon père

Dès les toutes premières lignes, la mise en bouche est conséquente. Mon père évoque l’incendie de la grande vigne de Pellegrin survenu quelques jours seulement après l’arrivée des Montazini dans la ferme de L’Arcange, début août 1930. Le feu a pris à l’extrémité d’un champ, le long d’une petite route, sur trois andins de mauvaises herbes sèches fauchées par grand-père et ratissées par papa et Mariéta quelques heures auparavant. C’est Armand Malcoeur qui alerte grand-père qui fonce immédiatement en vélo sur les lieux de l’incendie. À l’aide de son couteau, il coupe une branche d’ormeau. Avec l’énergie du désespoir, il se met à frapper les flammes pour tenter de les arrêter. Il reste encore au feu plus de cinquante mètres à parcourir avant qu’il n’atteigne la vigne. Mais le vent du sud-est est très fort et le combat de grand-père bien dérisoire. En frappant avec sa branche, il arrive à éteindre quelques flammes, mais elles reprennent aussitôt à côté, avec encore plus de vigueur. Le vent d’Autan conduit inexorablement les flammes vers la grande vigne, qui elle aussi est envahie par de grandes herbes sèches. En quelques minutes tous les ceps de folle-blanche semblent détruits. Prostré, grand-père s’assied au bout d’un rang, le visage noirci, les yeux hagards, anéantis, il ne dit rien. Veaux, vaches, cochons…, tous les beaux projets échafaudés se sont en quelques minutes, transformés en fumée et en cendre. Antoinette Rosannés la voisine de la ferme des Bîmes est également là, le visage défait, les cheveux en bataille, elle aussi s’est durement battue pour tenter de maîtriser les flammes. Mais l’adversaire était trop fort, ils ont lutté en vain.

Le chef Laterre, responsable de la gendarmerie de Floréal est formel, le feu n’a pas pu prendre de façon accidentelle à trois endroits différents. Des voyous ont sans nul doute œuvré. Qui sont-ils ? Et pourquoi ont-ils agi ainsi ? Dans le bourg de Floréal, les Montazini ont des soutiens, mais aussi de nombreux détracteurs et d’autres qui prétendent vouloir rester neutres. Et parmi les soi-disant soutiens, ou même les soi-disant neutres sûrement des détracteurs cachés !

En poursuivant la lecture, j’essaie de pointer du doigt, le ou les coupables possibles. Les Lastruc habitent le Tachou, proches voisins des Montazini, ils ont le bon profil. Papa les présente comme des gens de peu d’intérêt. Le père Sylvain Lastruc est un irascible, qui n’admet pas que des étrangers, immigrés de surcroit puissent s’installer en France et surtout aussi près de chez eux. Sa femme Simone pense comme son mari, et la fille Mathilde malgré ses 15 ans est toujours à l’école primaire et n’a pas la capacité de penser. À cette époque, il n’y a pas encore eu de vraie dispute entre les deux familles. Juste quelques discutions un peu houleuses. Je les aurais bien vus faire un truc pareil, mais ils ont un alibi irréfutable : ils sont tous dans la vigne à travailler lorsque papa, Mariéta, les fils Letémoin et la fille Lemoine, Christiane, revenant de la fête passent sur la petite route. Papa et Mariéta ont un truc bien à eux lorsqu’ils rencontrent des personnes qui ne les apprécient pas : ils les saluent bien bas, obligeant ainsi les récalcitrants à répondre. Des fois ça marche, et des fois pas.

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