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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

23 Jan

les raisons de l'exil

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Édition ; culture ; littérature ; livre ; lecture ; écrivain ; critiques ; roman ; salon du livre ; Michel Zordan ; romans de terroir ; libraires ; librairie ; écriture ; prix littéraires

les raisons de l'exil

Au château Tourne Pique, les vendanges avaient commencé le 6 octobre au petit matin. Deux équipes, avec plus de cinquante vendangeurs, étaient à l’œuvre dans les vignes. Pour venir à bout des quatre-vingts hectares, plus d’un mois de travail serait nécessaire. Dans le chai, Alphonse Diodin régnait en maître. Il dépendait directement du capitaine et il était responsable de toute l’organisation des vendanges, de la vinification et, par-dessus tout, de l’élaboration de l’Armagnac Ténarèze. C’était lui qui précisait l’ordre dans lequel devaient être vendangés les cépages et les parcelles. Comme tous les ans, on commença par la folle-blanche. Pour Alphonse Diodin, ce cépage, introduit en Armagnac dès le seizième siècle, était l’emblème de l’Armagnac Ténarèze. Il était, et de loin, son préféré. Pas facile à maîtriser, il avait tendance à prendre la pourriture rapidement, et les rendements n’étaient pas très élevés. Mais, lorsque le terroir lui convenait et si le temps était propice, la blanche issue de ses fruits avait toutes les chances de présenter les qualités requises pour faire un Armagnac de très grande classe. Elle serait alors pleine de caractère, de parfums, avec de la finesse, de l’élégance et déjà beaucoup de complexité. Après quelques années de vieillissement, les arômes de fruits se développeraient tout en douceur et en rondeur pour devenir un Armagnac Ténarèze qui ferait le délice des palais. Depuis le phylloxéra, dans les années 1875, beaucoup de propriétaires s’étaient laissés aller à la facilité, en replantant en quantité de l’ugni blanc et du bacco blanc, moins fragiles et plus productifs. Par contre, l’oncle du capitaine, Isidore Clément, et le prédécesseur d’Alphonse Diodin avaient agi tout différemment. Ils avaient conservé sur les terres du château Tourne Pique une grande proportion de folle-blanche. Toutefois, afin d’entretenir la diversité, d’autres cépages, comme le jurançon, le plant de graisse, la clairette et le mauzac, étaient encore bien représentés dans les vignes du château. Alphonse Diodin considérait que son Armagnac Ténarèze du château Tourne Pique était l’un des meilleurs, peut-être même le meilleur, ce qui était également l’avis d’un bon nombre de spécialistes.

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