Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

24 Aug

un exil plus loin

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Un auteur du Sud Ouest

exil-en-terres-australes1-4.jpgExtrait : Le jeudi cinq août,  Angelika, Wou et moi, roulions vers Uluru National Park, dans le territoire du Nord.  Jusqu’à Port Augusta la route baptisée Princes Highway, environ 300 kms se révéla très correcte. Entretenant la conversation, Wou se comporta en parfait compagnon. Nous prîmes deux chambres dans un motel, Wou dormi dans la mienne, mais il déserta son lit et s’allongea à même le sol. Le six, dès sept heures du matin  nous reprîmes la route toujours la Princes Highway. À Kingoonya nous abordâmes la Stuart Highway, surnommée la route de la soif. Nous ne la quitterions plus jusqu’à Erldunda.  Ce soir nous devrions avoir rejoint Coober Pedy à presque 350 kms. Jusqu’à Twin la route était encore très acceptable. Ensuite les choses se gâtèrent quelques peu. C’est à partir de ce point précis que Wou commença à nous raconter l’histoire de son peuple opprimé.

 

– L’histoire de mon peuple et de cette terre ne font qu’un,  c’est un tout indissociable.  Nous ne l’écrivons pas, elle se transmet oralement, de père en fils, depuis le commencement des temps. Durant des  centaines de milliers d’années, mon peuple y a vécu en totale harmonie avec elle. Jusqu'à ce que les blancs déterminé à s’approprier le monde, inventent « le progrès ». Une espèce de frénésie les propulsant en avant, les autorisant à tout détruire sur leur passage.  Cette histoire, mon père me l’a apprise, lui de son père, et son père de son père. C’est à cette époque que sont arrivés les premiers colons blancs. En quelques années ils se sont approprié toutes les terres, sans se soucier de qui elle abritait, et de qui elle nourrissait.  D’abord les plus profondes, les plus faciles, puis ils sont arrivés dans notre vallée, baptisé « Barossa » par un certain Colonel William Light. Vous ne pouvez pas vous empêcher de donner un nom à tout ce qui vous entoure, peut-être pour mieux vous l’approprier.  Les blancs ont du mal à comprendre que tout sur cette terre à son importance. Le simple brin d’herbe,  le simple petit insecte, le simple petit caillou à une valeur que vous ne pouvez même pas soupçonner.  Chaque jour, croyant faire le bien, ne se souciant de rien, les hommes blancs ont repoussés tout ce qui entravait leur course vers le progrès.  Ils ont détruit avec mépris tout ce qu’il  y avait de plus sacré pour nous, toutes les formes de vie que cette terre abritaient ont été sacrifiées. Certains en obligeant d’autres, les faisant travailler des heures durant sous le soleil,  jusqu’à épuisement, beaucoup sont morts, pour ce que vous appelez le progrès. Puis ils ont plantés, plantés, et plantés encore,  obligeant cette terre à nourrir ceux qu’elle n’avait jamais nourrie. L’obligeant à trahir ceux qu’elle avait toujours nourris, nous, et les animaux qui nous permettaient de vivre et toutes les autres formes de vie. Aujourd’hui notre tribu est décimée, victime du leurre de la possession et du progrès. Parce qu’ils se nourrissaient de ce qui nourrissaient les nouveaux venus,  les animaux ont été exterminés.  La tragédie qui se joue ici, se joue aussi ailleurs, elle se reproduira et se reproduira encore et toujours, pour une seule et unique raison, l’obsession de  posséder toujours plus.  Les blancs n’ont pas compris qu’ils ne pourront jamais rien posséder, la possession est une illusion, parce que c’est la terre qui nous possède. Nous faisons partie d’elle, comme les arbres, les animaux, les plantes, l’eau, les rochers, c’est un ensemble que rien ne peut dissocier. Nous ne possédons même pas la vie, puisque la terre peut nous la reprendre quand bon lui semble. Une chose a toujours étonné notre peuple, la détermination des blancs à se précipiter vers le néant, que se passera t-il sur cette terre lorsque vous serez arrivé au bout de votre démence ?   Nous sommes un des plus vieux peuples que cette terre ait engendré, pourtant nous vivons toujours comme au premier jour, enfin presque ! Pourquoi les blancs n’ont-ils pas suivi le même chemin ? Pourquoi de toutes les formes vivantes qui cohabitent sur cette terre, les blancs sont-ils les seuls déterminés à guider le monde vers l’apocalypse, pourquoi ne pensent-ils qu’à éradiquer tout ce qui se trouve sur leur chemin.  Pourquoi sont-ils si résolus à écraser tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Le malheur est que vous attirerez dans votre folie d’autres races que la votre, les persuadant que votre chemin est le bon et le seul possible.  J’ai une théorie à ce sujet, je crois que les blancs sont les éléments actifs d’une tumeur maligne créée par une forme d’intelligence supérieure, dans le seul but  de détruire notre planète. Votre acharnement dans votre folie en est la preuve.

Commenter cet article

Archives

À propos

Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.