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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

02 Sep

Rentrée littéraire 2012 - les raisons de l'exil

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Un auteur du Sud Ouest

le-battage2.jpgTome 1, Les Raisons de l'exil – Série Les Exilés de L’Arcange -ISBN-978-2-9532863-0-4- Auteur Michel ZORDAN  

Extrait - Ce matin, en arrivant à la ferme des Sorbières, j’avais aperçu Félicien Lardus, le maître de battage, sermonner très sévèrement l’Écrevisse. Il était très, très remonté contre lui. Bien sûr, l’Écrevisse, c’était son surnom. Tout le monde l’appelait ainsi parce qu’il braconnait les écrevisses à la main, à longueur d’année. Peu de gens connaissaient son véritable nom. Il était orphelin et devait être âgé d’une vingtaine d’années. Mal remis d’une poliomyélite, il n’avait plus tout l’usage de sa jambe gauche. Le maître de battage Félicien Lardus l’avait pris avec lui. En échange de quelques menus travaux, il lui assurait le gîte et le couvert. L’Écrevisse était arrivé hier dans la soirée avec la batteuse et la locomobile et, comme souvent dans ces cas-là, il avait passé la nuit enfoui dans une paillère ou une gerbière.

 

– Ne mens pas, l’Écrevisse ! J’ai retrouvé des mégots à peine éteints. En plus, Antoine Letémoin t’a vu. Je t’ai interdit de fumer autour des paillères, un de ces jours, tu vas foutre le feu. La prochaine fois, tu n’y coupes pas, je te fous à l’asile.

En traînant sa jambe atrophiée, le pauvre garçon était parti quelques mètres plus loin, s’était assis et répétait sans cesse :

 

– Non, pas l’asile, pas l’asile…

Dans l’après-midi, nous apprenions que, vers midi, le puisatier Gaétan Vaillant avait été retrouvé inanimé au fond d’un puits qu’il était en train de restaurer. Il n’y avait pas plus de quarante centimètres d’eau, et fort heureusement, le propriétaire l’avait secouru à temps. Apparemment, une pierre s’était décrochée de la paroi et avait heurté le crâne de l’ogre de Massecot. Il était maintenant hospitalisé à Condom, et ses jours n’étaient plus en danger.

 

– Tu sais, papa, je trouve ça plutôt bizarre qu’une pierre lui soit accidentellement tombée sur la tête. J’ai plusieurs fois vu Gaétan Vaillant à l’œuvre. Il faisait toujours très, très attention. Il vérifiait méticuleusement tout ce qui pouvait être dangereux.

À L’Arcange, les préparatifs pour le dépiquage allaient bon train. Aidée par Antoinette, qui accommodait la farce pour les poulardes, Mariéta s’occupait des repas pour la grande fête du lendemain. Elle préparait la pâte feuilletée pour les incontournables pastis. Un vélo passa devant la fenêtre, c’était le facteur. Mariéta s’étonna, ce n’était pas son heure habituelle. Il salua les deux femmes et remit un télégramme à la jeune fille. Il avait été posté à Paris en fin de matinée. Elle pensa tout de suite à la Dame en blanc et se dit qu’il lui était arrivé quelque chose. Anxieuse, Mariéta le retourna dans tous les sens à la recherche d’un indice qui aurait pu la rassurer. Elle l’ouvrit précipitamment et, avant même de lire le texte, elle put identifier l’expéditeur, il était signé « Bien à vous, Edmonde ».

Le télégramme était adressé à toute la famille, et la Dame en blanc n’avait pas économisé ses mots.

 

– J’ai enfin découvert des feuillets écrits par mon grand-père, Henri de Barsac, alors qu’il séjournait dans la cave secrète de L’Arcange. Je pense avoir la réponse à quelques-unes des questions que nous nous posions. Je pars demain matin avec Lucien, je serai à L’Arcange dans l’après-midi.

Il y avait un post-scriptum.

 

– Ma petite Mariéta, ta Demoiselle blanche m’a bien aidée dans mes recherches. Je t’apporte un petit cadeau, qui ne manquera pas de te surprendre. Il te fera, j’en suis certaine, un très, très grand plaisir.

Le grand-père de la Dame en blanc, Henri de Barsac, avait séjourné dans la ferme de L’Arcange, à la fin du dix-huitième et au début du dix-neuvième siècle. Cette période correspondait à celle de la construction du château Tourne Pique. Pure coïncidence, peut-être pas ! Il était écrit que le samedi 20 août 1932 ne serait pas une journée ordinaire pour la famille Montazini.

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