rentrée littéraire 2013 : la princesse de bronze 1
Roman : la princesse de bronze - Auteur Michel ZORDAN
Extrait chapitre 1 - Le pacte
Je me présente, Raphaël Lemer, 24 ans, je suis pompier de Paris. Cet après-midi à 16 heures 14 nous avons été appelés pour un incendie qui s’est déclaré dans un immeuble d’habitation, au 5, Allée Adrienne Lecouvreur. À deux pas du Champ de Mars et de la Tour-Effel. À cet instant, j’étais très loin de me douter que cette mission serait pour moi le point de départ d’une extravagante aventure. Et si vous regardez la carte au 5, Allée Adrienne Lecouvreur à Paris, vous comprendrez tout de suite qu’un mystère et même plus entoure cette affaire. Dans Google, il vous suffit de taper : carte au 5, Allée Adrienne Lecouvreur Paris 7°. Vous allez être surpris, et pourtant….
Les nouvelles technologies qui nous entourent, qui nous assaille, qui nous harcèle au quotidien, que cache t’elle exactement? Sont-elles là juste pour nous faciliter l’existence, pour nous aider au jour le jour ? Quels profits ceux qui en sont à l’origine espèrent-ils en tirer ? Ces profits pourraient-ils être autres que pécuniaires ?
Tout avait réellement commencé quelques siècles plus tôt. Mais était-ce le hasard qui aujourd’hui faisait rebondir cette histoire dans ma vie ?
Au 5, Allée Adrienne Lecouvreur à Paris…
Je suis la fille du roi Huitzilihuitl, fils d’Acamapitchtli et petit fils de Culhuacan. Je suis née en 1397. Mon père devint le 2° Tlatoani, roi-prêtre des Aztèques à la mort de son père en 1396. Je vivais dans la cité de Tenochtitlan, construite sur un îlot du lac Texcoco, à l’endroit même ou l’aigle dévorait le serpent. Cette terre appartenait aux Tépanèques d’Azcapotzalco. Ma mère était l’une des filles de Tezozomoc le souverain d’Azcapotzalco. Je suis le premier enfant de Huitzilihuitl et de la fille de Tezozomoc. Mon frère Chimalpopoca était le favori de notre grand grand-père Tezozomoc, le souverain d’Azcapotzalco. Durant le règne de mon père Huitzilihuitl, la cité de Tenochtitlan prit un essor considérable. Cette puissance naissante devenait une source d’inquiétude pour certaines tribus Tépanèques. À la mort de mon père, en 1415, mon frère Chimalpopoca fût élu roi de Tecnochitlan et l’inquiétude des tribus Tépanèques se transforma en hostilité. Pour calmer leur animosité, mon frère, le roi de Tecnochitlan me proposa comme épouse à Penamotzaloc l’un des fils d’Azalimotzilochli grand chef de l’une des tribus Tépanèques. Penamotzaloc n’était alors âgé que 8 ans, et ne pouvant officiellement devenir son épouse, je devais demeurer sa fiancée à ses cotés jusqu’à ce qu’il est atteint l’âge de 12 ans. Lorsqu’il mourut à 11 ans, quelques mois avant notre mariage, son père Azalimotzilochli exigea que je demeure éternellement à ses côtés. Mon corps sacrifié fût alors soumis à un rituel étrange. L’énergie dégagée par ma crémation fût utilisée pour créer une petite statuette de bronze qui accompagna le corps du jeune Penamotzaloc dans sa dernière demeure. Depuis ces temps immémoriaux, mon âme et mon corps, vivent emprisonnés dans cet habit de métal.
En 1985, après des siècles et des siècles, des pilleurs de tombes, s’emparèrent de moi. Je passais alors de mains en mains, de marchands en marchands et d’étals en étals. Les clients me prenaient dans leurs mains, certains laissaient leurs doigts caresser mes courbes. Puis ils me reposaient négligemment sur l’étagère comme une vulgaire marchandise.
Un jour la chance me sourit enfin, les doigts délicats d’une jeune femme s’attardèrent sur le métal polis de mon corps et j’eu le sentiment que la renaissance était peut-être pour bientôt. Je me suis ensuite retrouvée dans une grande maison. De la cheminée sur laquelle un homme m’avait installée, je pouvais admirer un immense édifice fait de poutre en métal et de rivets. Lorsque les rideaux n’étaient pas fermés mes yeux s’amusaient de tous ces gens qui montaient et descendaient ou qui marchaient sur la grande place.
Un jour ou la neige recouvrait tous les toits, les flammes commencèrent à réchauffer les pierres froides de la cheminée. C’est alors que je sentis monter en moi, une énergie que je n’avais pas ressentie depuis des siècles. Pendant quelques heures, j’eu l’impression de reprendre possession de mon corps, de sentir à nouveau le sang couler dans mes veines. Puis les flammes commencèrent à baisser d’intensité et mon corps retourna dans l’obscurité. Pendant plusieurs jours, l’homme qui était devenu mon maître ralluma ce feu qui me redonnait un peu de vie. Mais à chaque fois la tiédeur des flammes ne faisaient que caresser mon corps, l’énergie dégagée n’était pas assez puissante, pas assez vive pour me sortir de la torpeur des ces siècles de solitude. De temps à autre l’homme me prenait dans ses mains, mais ses doigts virils ne faisaient qu’activer mon désir de renaître à la vie. Petit à petit un sentiment de frustration s’installa en moi et je commençais à haïr cet homme qui semblait se jouer de moi. Un soir enfin la chaleur se fît beaucoup plus intense, j’eu l’impression que mon cœur recommençait à battre et l’espoir était de nouveau là. Mais cet espoir fût de courte durée. La jeune femme qui m’avait choisi chez le marchand fît son apparition, elle s’approcha de moi et comme une provocation elle effleura de ses doigts ma peau de bronze. Ensuite elle défit ses vêtements et s’allongea sur le tapis devant les flammes qui crépitaient. L’homme la rejoignit très rapidement et la grande pièce, seulement éclairée par la lueur des bûches en fusion s’emplie de soupirs et d’invites au plaisir. Je vivais cette scène de cauchemar dans une désespérance totale. Lorsque le silence enveloppa de nouveau la pièce, la jeune femme se leva et me montra du doigt.
– Regardes mon chéri, elle a l’air en colère, son regard est plus intense, on à l’impression qu’elle vit.
L’homme se leva à son tour, me pris dans sa main et ajouta à mon supplice en caressant sensuellement mes formes. Puis il me reposa négligemment sur la cheminée, avant de retrouver la jeune femme qui s’était de nouveau allongé sur le tapis. À cet instant j’aurai préférée être de nouveau sacrifiée, jetée dans le feu et disparaître à tout jamais.
J’ai alors imploré Huitzilopochtli le dieu des Aztèques pour lui demander d’arrêter ce supplice. À ma grande surprise c’est Coyolxauqui, sa sœur qui m’est apparue.
– Fille du roi Huitzilihuitl, je suis Coyolxauqui, la déesse de la lune et des ténèbres, je règne sur le peuple Aztèque. Mais tu peux m’appeler Xauqui, c’est le surnom que m’avait donné ma mère Coatlicue, la déesse de la Terre. À sa naissance, mon frère Huitzilopochtli, se débarrassa de moi en me décapitant et en donnant mon corps en pâture aux caïmans. Mais mon esprit et mon âme ont survécus, et ont depuis ces temps immémoriaux voyagés dans le corps de ces infâmes créatures. De ces simples faits, je suis toujours, la déesse de la lune et des ténèbres. Je porte en moi les sévices de Huitzilopochtli, mon propre frère, comme toi celles de la tribu des Tépanèques. Je n’ai ni le pouvoir, ni l’envi de faire disparaître tes souffrances. Mais en cette époque plus personne ne s’intéresse à la lune, et aux ténèbres, et ma vie n’est guère très excitante. Alors je souhaite l’égayer quelque peu en me vengeant des hommes. Toi aussi tu as sûrement envi de te venger des hommes. À nous deux nous pouvons y parvenir, mais ne te fait pas d’illusion c’est moi qui mène le bal. Je peux faire en sorte que tu rejoignes la cohorte des humains de ce 21° siècle et leur vie pleine de désillusions. Si tu fais ce choix, tu connaîtras l’amour, mais tu porteras en toi une malédiction qui nous vengera de la cruauté des mâles. Chaque fois que l’un d’eux t’aimera tu devras lui infliger un maléfice. Tu ne pourras en aucun cas toi-même choisir cet homme, c’est lui qui viendra à toi et tu ne pourras pas te refuser. Tu devras en outre, toi-même trouver la nature de ce maléfice, il devra être différent pour chaque homme qui te choisira. Cela ne pourra être ni la mort, ni la folie, la maladie ou même l’infirmité. Ce maléfice devra toutefois bouleverser sa vie, mais sa blessure ne devra jamais être physique. Si après la première aube tu n’as toujours rien décidé sur la nature de ce maléfice, c’est moi qui choisirai à ta place et qui l’infligerai à cet homme. Tu devras être fidèle jusqu’à ce que cet homme te rejette. Très, très important, tu ne pourras pas rester avec lui pendant plus de 5 phases lunaires consécutives. Sinon tu retournerais immédiatement dans ton habit de bronze. Pour éviter cela tu devras obligatoirement être rejeté par l’homme avant la fin la 5°phase, mais la lune devra être croissante. Tu auras toute la durée de la phase de lune décroissante et les trois premiers jours de la phase de la lune croissante pour être de nouveau choisi. La dernière clause te fais obligation d’avertir à l’avance l’homme de ton identité et de le prévenir qu’un maléfice s’abattra sur lui s’il choisi de t’aimer. Tu ne devras en aucun cas l’avertir de la nature de ce maléfice. Tu ne pourras pas non plus lui dévoiler que celui-ci ne pourra cesser que lorsqu’un nouveau ce sera abattu sur une autre victime.
Jamais tu ne devras révéler à quiconque le secret de ta renaissance, sinon un maléfice frapperait ces personnes toute leur vie durant.
Si tu rompais ce pacte tu retournerais dans ton habit de bronze et seul l’homme capable de percer le mystère de ta renaissance pourrait à nouveau t’en faire sortir. Mais cela ne sera possible qu’une seule et unique fois. Si par le plus grand des hasards il y parvenait ce pacte te lierait toujours à moi et t’obligerai à errer suivant le cycle infernal des lunes croissantes et décroissantes.
Je te donne quand même une chance de te débarrasser à jamais cette malédiction, mais c’est juste pour le ravissement de voir ton impuissance à y parvenir. Tu devras résoudre cette simple énigme : « la vie par la vie tu auras ». Si tu perçais le secret de ces quelques mots, tu redeviendrais une simple terrienne et le privilège de la vie éternelle te serait supprimé. Maintenant tu dois choisir, si tu dis oui, avant l’aube naissante tu seras redevenue un être de chair et de sang. Si tu dis non tu resteras la princesse de bronze et ton calvaire se poursuivra.
Le feu avait prit de façon tout à fait classique. Un tapis persan trop proche des flammes de la cheminée et la laine, le coton et la soie s’embrasèrent en quelques secondes.
À peine arrivé au 5, Allée Adrienne Lecouvreur, L’adjudant-chef Berthier nous donna immédiatement l’ordre de monter dans les étages et de faire évacuer l’immeuble. Lorsque j’arrivai devant le 412, je dus utiliser ma hache pour forcer la porte. Au travers du nuage de fumée j’aperçu une silhouette, et me précipitai à l’intérieur. La hache m’en tomba des mains, devant moi se tenait une superbe créature en tenue d’Eve. Ses longs cheveux d’un noir profond encadraient un visage d’un rare éclat. Les flammes de l’incendie se reflétaient par petits bonds sur sa peau cuivrée. Pendant plusieurs secondes je restai sans réaction. La jeune fille me souriait sans esquisser le moindre geste, le moindre cri. Le feu était partout, mais elle ne semblait pas avoir peur. Lorsque j’entendis mes collègues qui montaient dans l’escalier, je sortis enfin de ma torpeur. Je me précipitai vers elle, je retirai ma veste et la recouvris d’un geste.
– Mademoiselle, vous allez bien, êtes-vous seule dans l’appartement ?
– Non, non, il y avait un homme et une femme sur le tapis, mais je ne sais plus où ils sont !
Sa voix ajouta encore à ma surprise. Douce, harmonieuse, chaude. Style bonbon au miel, parfumé à la fleur de sel de Guérande. Un vrai délice, une véritable mélodie.
À suivre...
Vous pouvez joindre Raphaël : raphael.lemer@laposte.net
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