Turbulences champêtres
Avec les cons, il n’y a qu’une issue possible, les prendre de vitesse......
Turbulences champêtres
Auteur : Michel ZORDAN
Éditions 3Z- ISBN 978-2-9532863-9-7
Extrait chapitre 1 – Bonjour madame, je suis Martial, le fils des Beaumont, de la ferme du Bouscarot. Nous sommes vos plus proches voisins. Je ramasse seulement quelques champignons.
Ma réponse n’eut pas l’air de la satisfaire.
– Je vois bien que vous êtes en train de ramasser des champignons, mais vous êtes sur mes terres et personne ne vous a donné d’autorisation. Je vous somme de quitter ces lieux immédiatement.
J’essayais de lui expliquer que ramasser quelques champignons qui n’intéressaient personne et qui, de toute façon, allaient finir par pourrir, n’était pas bien grave. Mais, plus la discussion se poursuivait, et plus le ton montait. Devant ma détermination à ne pas me laisser impressionner, madame Maxwell commença à me traiter de voleur et de voyou. Voyant que j’avais affaire à une hystérique, je jouais la carte du mépris. Je me retournais et recommençais ma cueillette. L’Anglaise ne put supporter l’affront. Elle se rua à l’endroit où je me tenais, et sauta à pieds joints tout autour de moi, dans l’intention bien évidente de détruire tous les champignons qui pouvaient encore s’y trouver. Je la regardais faire, complètement déconcerté. Non contente d’avoir tout piétiné, elle arracha de mes mains la poche contenant ma récolte et la jeta à terre. Je réussis à la récupérer, avant qu’elle ne puisse sauter dessus. Vexée, elle leva sa cravache, bien décidée à me frapper.
– Mais vous êtes complètement piquée ma pauvre dame, faut vous faire soigner. Vous pensez vraiment que votre numéro de sauvage m’a impressionné ? Mais pas du tout. Sachez simplement une chose, ici vous n’êtes pas en Angleterre et vous ne ferez pas la loi.
Papa avait une expression bien à lui (avec les cons, il n’y a qu’une issue possible, les prendre de vitesse) que je m’empressais d’appliquer à la lettre.
– Chère madame, ces champignons vous ne les avez pas plantés ni même semés, c’est dame nature qui s’en est chargée. Alors ils sont autant à moi qu’à vous, le lieu où ils se trouvent n’a aucune importance.
C’était de la mauvaise foi pur jus, mais je marquais un point. L’Anglaise abaissa sa cravache, elle semblait s’être un peu calmée et j’en profitais pour quitter la place. Mais, au lieu de couper au plus court, je lui tournais le dos et entrepris de traverser tout son bois. Je voulais seulement lui faire comprendre qu’on ne pouvait pas traiter quelqu’un de voleur et de voyou simplement parce qu’il avait ramassé quelques champignons. Je connaissais d’autres bons endroits sur la propriété des Maxwell, mais, lorsque je reviendrai dans quinze jours, je devrai agir avec encore plus de discrétion.
Deux semaines plus tard, je retournais sur la propriété des Maxwell, mais dans un autre endroit. Je connaissais une autre bonne place au fond d’une friche. Dans l’herbe assez haute, je pensais être parfaitement dissimulé. Les mousserons étaient bien au rendez-vous, mais madame Maxwell également. Je n’étais pas là depuis plus de 5 minutes, lorsqu’elle fit son apparition, toujours vêtue de son habit de cavalière. Sa monture devait attendre quelque part, au détour d’une haie. Cette fois elle ne paraissait pas en colère, visage plutôt souriant elle s’avança vers moi, me tendant la main. Surpris, je me levais et la lui serrais. À la façon dont elle retenait prisonnière, ma main dans les siennes, j’aurais dû me douter de la suite, et des conséquences à moyen terme, mais bon…