Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

27 Oct

Une ombre sur le Monde

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #les exilés de l'arcange

 

Auteur Michel Zordan -  Extrait  :  une-ombre-sur-le-monde.jpgMariéta était sous le choc, elle écoutait sans même tout comprendre ce que l’homme lui disait. 

 

– Madame Montesquieu, vous êtes toujours à l’écoute ? Oui, je suis sûr que oui ! Je vous précise qu’en ce moment d’éminents spécialistes sont en train de l’interroger, je puis vous assurer qu’ils vont le faire parler. Je vais vous faire une proposition, madame Montesquieu, il ne tient qu’à vous que votre époux ne soit pas trop malmené. Il suffit que vous arriviez à le convaincre de nous révéler les noms des autres membres de son réseau. Jusqu’à maintenant il a bien résisté, mais ce matin il a été transféré au Fort de Romainville et les choses vont véritablement se compliquer pour lui. 

 

Ma sœur trouva la force de placer quelques mots. 

 

– Mais comment pourrais-je le convaincre ? Je ne peux pas lui parler ! 

 

– Madame Montesquieu, nous vous rappellerons à trois heures précises cet après-midi, soyez au rendez-vous, nous ne sommes pas très patients. 

 

À l’autre bout du fil, l’homme venait de raccrocher. En plein cauchemar,  Mariéta s’effondra sur la chaise.

 

–  Mariéta, mais que se passe-t-il ?  

 

Ma sœur  expliqua à madame Éliette, et dans le détail, le drame qui venait de se produire.

 

À trois heures, la sonnerie du  téléphone résonna,  Mariéta décrocha le combiné. 

 

– Oui, j’écoute ?

 

 – Gaston  Lanterre, le maire de Floréal à l’appareil. Bonjour Mariéta,  pourriez-vous dire à votre père

 

Ma sœur ne lui laissa pas terminer sa phrase. 

 

 – Monsieur Lanterre, je vous en prie, raccrochez, j’attends un appel des plus urgents, je vous en prie, raccrochez.  

 

Mariéta n’attendit pas et raccrocha elle-même. Papa,  madame Éliette, et la Dame en Blanc étaient également là, mais le coup de fil ne venait pas. L’Obersturmbannfüher, Karl Vermont n’avait sûrement pas apprécié que la ligne soit occupée. Ou alors il n’avait simplement pas appelé, parce qu’il savait que cette attente serait un supplice pour Mariéta et sa famille. Et qu’elle n’en serait que plus efficace pour convaincre Julien. Mariéta attendit deux jours de suite que le SS appelle. Le 18 octobre à dix heures, c’est madame Éliette qui décrocha.

 

– Bonjour, je suis le SS Obersturmbannfüher, Karl Vermont. Pourriez-vous, s’il vous plaît, demander à madame Montesquieu de prendre le combiné ?

 

– Ne quittez pas ! 

 

– Madame Montesquieu, bonjour, j’espère que ces deux jours ne vous ont pas paru trop longs. Nous avons beaucoup de travail en ce moment, mais j’ai tout de même réussi à prendre un peu sur mon temps pour me rendre auprès de votre époux. Je suis actuellement avec mes amis de la Gestapo, votre Julien est également près de nous. Je dois vous dire, chère madame, qu’ils sont très déçus par l’attitude de monsieur Montesquieu. Il n’a absolument rien voulu dire et ils vont être obligés d’utiliser des méthodes plus convaincantes, si vous voyez ce que je veux dire. Madame Montesquieu si votre Julien ne veut pas collaborer, l’homme qui est à côté de moi va tout simplement lui arracher les ongles de la main droite. C’est sans anesthésie bien sûr et c’est très, très douloureux, mais je pense qu’à la longue ils pourront repousser. S’il ne meurt pas avant, bien sûr.

 

 Les détails donnés par le SS étaient sans ambigüité. Horrifiée ma sœur pouvait facilement imaginer le calvaire de Julien.  

 

– Madame Montesquieu, je vais vous passer votre époux, vous avez deux minutes pour le convaincre, pas une de plus. Après nous agirons. 

Mariéta était au supplice. Comment pouvait-elle demander à Julien de donner des noms ? C’était impossible. Durant deux minutes, ma sœur essaya de le réconforter. Puis elle n’entendit plus sa voix, mais à l’autre bout le téléphone n’avait pas été raccroché.

 

– Julien, Julien, tu es là ? Réponds-moi, Julien… 

 

Peut-être à plus tard Madame Montesquieu, mais j’en doute fort.  Votre mari est un sale terroriste, et les terroristes nous avons les moyens de les faire parler. Après nous les éliminons.

 

Puis le SS raccrocha. Papa s’en voulait. Après les avertissements du Colonel Wagner, il aurait dû empêcher Julien de poursuivre ses activités de résistance. Mais aurait-il eu les moyens de le convaincre ? Il savait que moi aussi j’étais en danger, pourtant lorsque nous nous étions rencontrer vu en juillet dernier, il n’avait même pas essayé de me ramener à la maison. Toutes ces horreurs, était-ce le prix à payer pour pouvoir un jour, dans quelques mois ou quelques années, vivre de nouveau heureux ?

 

C’est dans la nuit, au milieu du sommeil de Mariéta que la Demoiselle Blanche refit son apparition. Cette demoiselle était apparue dans les rêves et les cauchemars de ma sœur adolescente,  quelques mois seulement après notre arrivée à L’Arcange. Un peu à la manière d’un ange et à plusieurs reprises cette étrange amie l’avait averti d’un danger imminent menaçant notre famille.  Lorsqu’elle se leva le lendemain matin Mariéta était presque sereine.  

Commenter cet article

Archives

À propos

Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.