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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

28 Nov

Les cahiers de mon père

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #les exilés de l'arcange

les cahiers de mon pere-copie-1Auteur Michel Zordan - Extrait : Et pourquoi pas le régisseur du château Tourne-Pique, Théodore Chandon ? Il a le bon profil le zigoto.  Son attitude au moment où Armand Malcoeur lui demande de téléphoner aux pompiers est équivoque : le téléphone est en dérangement… juste à cet instant : bizarre. Tous savent que cet homme n’aime pas les Montazini. Il ne les aime pas, et ce depuis le premier jour, et leur première rencontre à la gare de Condom. Je crois même qu’il devait les détester dès qu’il a apprit qu’ils devaient arriver,  tout simplement parce qu’ils sont italiens. Curieux quand même comme raison ! J’aurai pu comprendre si les Montazini avaient été des fainéants, ou des voleurs, ou même encore des chercheurs d’histoire ; mais pas juste parce qu’ils étaient italiens. Ma maman est d’origine espagnole, et lorsqu’elle est arrivée à Saint-Jean-Pied-de-Port après le drame de Gernika, personne dans la vallée ne lui a cherché querelle. À part sa famille restée en Espagne, mais ça c’est une autre histoire. Mais le régisseur  a  une autre bonne raison d’en vouloir  à la famille de mon père.  Et pas que lui d’ailleurs. Quelques mois avant l’arrivée des Montazini, Aristide Clément-Autun, officier dans l’armée,   hérite de son oncle Isidore Clément, du château Tourne-pique et de sept métairies. Il a besoin d’argent frais pour payer les frais de successions, alors il décide de se séparer de l’une des fermes, L’Arcange. Grand-père, a de son coté, avant de quitter l’Italie vendu la maison familiale, Aristide Clément Autun le sait. Il sait aussi entre-autres choses,  que l’homme est droit, qu’il a du caractère et de la détermination. Alors il l’encourage à acheter la ferme et les terres qui ont besoin d’une sérieuse reprise en main. Il lui  consent même un crédit et lui fait aménager ses horaires, afin  qu’il puisse travailler au château et sur sa ferme. L’Arcange est certes un peu décrépi, avec des terres et des vignes en friches, mais une ferme de 17 hectares, en Armagnac Ténarèze ce n’est pas rien. À l’époque un grand nombre de paysans de la contrée n’étaient pas propriétaires,  et ne le sont  toujours pas aujourd’hui. Alors  lorsqu’un immigré italien arrive de nulle part dans le bourg et achète avec la bénédiction et les encouragements  d’un capitaine de l’armée française une ferme de 17 hectares,  ça fait grincer des dents.  Mais surtout des envieux et des jaloux.  Et pas mal de voyous qui ont un mobile pour mettre le feu. Théodore Chandon, le régisseur,  convoite lui aussi ces terres. Il enrage, le camouflet qu’il vient de prendre ravive plus encore sa rancœur vis-à-vis des Montazini et de son patron. Mais le régisseur et les Lastruc ne sont pas les seuls à en vouloir aux Montazini. Dans le bourg une femme ne s’en cache pas, bien au contraire, c’est madame Gourdes, propriétaire du bureau de tabac. Elle leur en veut, mais ne sait pas trop pourquoi, peut-être tout simplement parce qu’ils sont étrangers.  Un étranger est toujours suspect… Pourquoi ne sont-ils pas rester chez eux ? Des gens qui n’ont rien à se reprocher ne quittent pas leur village, leur maison, leur pays surtout pour aller habiter aussi loin. Et la mère des petits, elle est où ? Et plus elle évoque le problème avec des clients qui acquiesce sans rien  savoir, juste pour ne pas la contredire,  et plus sa certitude se renforce. Et lorsqu’ils achètent L’Arcange, la messe est dite.

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