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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

10 Jun

Les cahiers de mon père...

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #les exilés de l'arcange

montagne arradoy 3Baptiste Montazini raconte "Les cahiers de mon père "-2

Ma vie dans la montagne Arradoy coule sereinement, à l’image d’une petite rivière qui profite de tous les instants. Les moments que j’affectionne le plus sont ces journées passées tout en haut dans les estives à garder les brebis avec Réglisse. Réglisse est un très bon chien de berger et ça me laisse le temps de lire, de lire le journal que papa m’a confié lors de son dernier séjour à L’Arcange. Dans ce journal c
omposé d’une multitude de cahiers d’écolier, il raconte sa vie et celle de la famille Montazini, depuis son arrivée en France le 2 février 1930…


Suite 2 - C’est à ce moment-là que la Peugeot 201 des gendarmes nous dépassa et s’arrêta à quelques mètres. L’un des deux hommes à bord, que j’avais déjà croisé au bourg de Floréal, en sortit et se dirigea droit vers nous. Apparemment, il savait qui nous étions puisqu’il s’adressa directement à Mariéta.

– Bonjour mademoiselle Montazini, je suis le chef Laterre. Avec mon collègue, nous nous rendons à L’Arcange pour voir votre père. Si vous le souhaitez, nous pouvons vous raccompagner avec votre frère ?

Très intéressés, les Lastruc cessèrent leur travail et, de loin, contemplèrent la scène. Les drôles de l’immigré, embarqués comme de vulgaires malfaiteurs par les gendarmes, ils auraient de quoi ragoter au village de Floréal.

Après tous les tourments que notre famille avait endurés depuis quelques années, nous commencions à avoir une certaine expérience. Si les gendarmes venaient chez nous, ce n’était pas bon signe, il devait s’être produit quelque chose de très grave. Devant notre attitude un peu angoissée, le chef Laterre comprit qu’il nous devait une explication.

 

– Ne vous inquiétez pas, les enfants, c’est juste pour une formalité. Votre père va très bien, nous allons tout vous dire en route.

Lorsque, quelques mois plus tôt, nous étions arrivés sur ces terres de Gascogne, j’étais persuadé que notre famille pourrait enfin vivre en paix. À cette époque, jamais je n’aurais pu penser que le mal, la délinquance, ou même le crime pouvaient se cacher derrière ces images d’Épinal. Je m’imaginais avoir atteint un monde préservé, un monde sécurisé où les jours ne pouvaient que s’écouler heureux. Bref, je pensais que venir vivre en Gascogne était une assurance sur la vie et je regrettais de tout mon cœur que maman ne soit plus avec nous pour partager ce bonheur. Et pourtant…, vous allez, en lisant ce récit, vous apercevoir que le malheur et le crime peuvent frapper même sur cette terre d’asile.

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