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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

29 Dec

Le seigneur de Saint-Cirq

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #le seigneur de Saint-Cirq

gaillard de la popie-2Contes et légendes ? Dans ce récit, fiction et histoire se mêlent et s’entremêle… Je me présente, Gaillard de la Popie, né à Saint-Cirq le 6 mars de l’an 1253. Fils de Galhard de la Popie et d’Ermengarde de Cardaillac. Je suis le benjamin, le petit dernier d’une famille....

 

Episode 8 - Comment cette idée avait-elle germé dans le cerveau du petit bonhomme ? Même si nos malandrins venaient jusqu’ici, ils n’auraient jamais l’idée d’aller s’informer chez un prêtre.  Le bougre m’étonnait de jours en jours.  Déjà lorsque nous avions joué aux dames,  son apprentissage avait été très rapide. Peut-être trop rapide pour un cerveau qui se disait malhabile et lent.  Arrivé devant la porte du presbytère, Altiq n’hésita pas.  Une femme nous ouvrit, sûrement la bonne du curé.  Mon compagnon récita le mensonge, et la femme nous fit immédiatement entrer.

 

  Le père Baptiste est parti donné l’extrême-onction à un malade. Notre Seigneur Tout-Puissant l’a rappelé très tôt à lui, il n’a pas ton âge le pauvre garçon. 

 

Nous bavardâmes d’un peu tout,  de Gintrac, le village dont nous venions, de ma famille.  J’inventai très bien, et donnai même le nom de mes cinq frères.  Deux de plus que la réalité. Mon père commerçait dans le bois et le charbon, tous mes frères l’aidaient. J’étais très heureux à l’idée de consacrer ma vie à Dieu.  La bonne qui se prénommait Bonette ne savait pas où se trouvait Cahors. Par contre elle nous apprit le nom de la grande rivière qui nous suivions : la Dordogne.  Ce n’était point la mienne, mais ça je m’en doutais déjà un peu.  Devant Bonette nous n’évoquâmes plus le sujet.  Altiq était censé connaître la route pour nous rendre à Cahors, et ce n’était pas la peine de donner à la bonne une occasion de douter de nos propos.  Avant de souper je récitai le bénédicité.  Nous mangeâmes deux bonnes écuelles de soupe, bien chaude, puis Bonette nous proposa d’aller nous coucher.  Avec Altiq nous évoquâmes alors notre problème numéro un : comment retrouver ma rivière,  le Lot ? Nous décidions de poursuivre, peut-être les deux rivières se rejoignaient-elles ? Comble de malchance ou chance,  nous ne vîmes pas le père Baptiste. Lorsqu’il rentra très tard, nous dormions déjà. Et lorsqu’il partit pour son office au petit matin, il neigeait et Bonette n’avait pas voulu nous réveiller.  

 

  Mais vous pourriez rester une journée de plus, voyager par ce temps c’est pas chrétien !

 

La femme insista, nous proposant de ne repartir qu’après le repas de midi. Mais notre destin était ailleurs.

 

  Merci de tout cœur Bonette, mais c’est la volonté du Seigneur de semer des obstacles. Nous devons les affronter.

 

Marchant dans la neige, une question me vint à l’esprit : et si nous étions attaqués par un loup ?  Comme cela s’était passé à Saint-Cirq, deux années auparavant.   Altiq saurait-il me défendre ?  Il valait mieux me sortir cette idée de la tête, le froid venait juste d’arriver.  Les loups étaient bien loin d’ici, dans la forêt, ou même les montagnes.  Longeant un talus assez abrupt, et c’est en me retournant que je le vis.

 

  Altiq, regarde derrière, un cavalier, il marche sur nos traces, il va bientôt nous rattraper.

 

L’homme n’était plus qu’à une centaine de pas, avançant sur nous à bonne allure.  Lorsqu’il comprit que nous l’avions repéré,  le malandrin força plus encore son destrier.

 

  Je vais m’occuper de lui. Il pense avoir à faire à des gnomes, pour lui c’est déjà gagné. Dès que  je te ferais signe tu descendras sur tes fesses jusqu’en bas. 

 

Le cavalier arriva vers nous,  épée en main. Sans hésiter, sans prononcer le moindre mot, il fonça sur Altiq dans l’intention bien évidente de l’occire.  Moi j’étais déjà tout en bas.  Mon compagnon avait un avantage, sa petite taille et sa souplesse malgré sa jambe raide.  D’un coup de rein, il esquiva, passant sous le destrier. Retirant sa dague du fourreau, il piqua le ventre de la bête. Celle-ci se cabra, glissant sur la neige, dévalant le talus sur le flanc. Surprit le cavalier se retrouva coincé sous sa monture, hurlant de douleur.  Altiq ne perdit pas un instant.  Dague en main, à son tour il déboula  du talus,  arrivant au-dessus du malandrin,  à califourchon sur son cou.  Le geste fût net,  précis, efficace. Aussitôt le sang gicla de la gorge du gredin ouverte d’une oreille à l’autre.  Je me rappelai alors les mots de mon compagnon lors de mon arrivé : – On m’appelle Altiq la terreur.  Je n’y avais pas cru  et pourtant… Tout s’était passé très, très rapidement.  Saisissant la bride,  Altiq parvint à faire se redresser le destrier. L’animal paraissait indemne.  Je fixai la scène, sans pouvoir prononcer le moindre mot. C’était la première fois que je voyais un homme se faire occire.  

 

– Viens Gaillard, celui-là ne nous gênera plus, mais  inutile de s’attarder ici.  Maintenant,  nous allons voyager à cheval, faut juste que tu me fasses la courte échelle.

 

Je n’avais pas encore vraiment réalisé ce qui venait de se passer.  Le petit bonhomme boitillant s’était comporté en guerrier, faisant preuve d’une dextérité et d’un sang-froid extraordinaire. Nul doute que si nous étions attaqués par des loups, il saurait faire face.  Une question me venait à l’esprit : qui avait mis ce malandrin sur notre piste ?  Je ne voyais personne d’autre que le curé ou Bonette,  sa bonne.

 

– Dis-moi Altiq,  tu crois que c’est le curé qui nous a trahis ?

 

  Va savoir mon ami,  peut-être ou peut-être pas. De toute façon ça n’a plus d’importance. Il va juste falloir nous éloigner très rapidement de cette contrée.  Le destrier va nous y aider.

 

Une fois Altiq en selle, je lui passai des boules de neige pour nettoyer le sang. Puis il  me tira vers le haut sans le moindre effort, et nous partîmes.  À deux nous égalions à peine le poids d’un adulte, et notre monture avançait bien.  En début d’après-midi, le soleil fit son apparition,  le manteau neigeux se mit à fondre.  Une bonne chose pour nous.  Dans la soirée nous arrivâmes en vue de Daglan.  Altiq ne souhaitait pas s’y arrêter. Depuis que nous suivions la vallée de la Dordogne,  nous avions aperçus plusieurs châteaux ressemblant au mien, accrochés à même la roche, dominant les villages.   

 

  Nous allons trouver une ferme un peu isolée,  nous raconterons l’histoire  que nous avons servie hier à Bonette. Contre quelques deniers,  il n’y aura pas de problème.  Et puis nous avons un cheval maintenant, ça fait plus sérieux.

 

Un nain et un enfant voyageant sur un destrier, ça inspirait confiance. Surtout si l’enfant se destinait à la prêtrise. Altiq resservit l’histoire concoctée la veille et le vilain goba sans sourciller.  Contre deux deniers nous eûmes droit à de la soupe à volonté.   Nous passâmes la nuit bien au chaud dans l’étable,  à coté de notre cheval, de trois vaches et deux veaux.   Malgré le fait de savoir que la rivière n’était pas la mienne, Altiq poursuivait l’idée de toujours aller dans la même direction.  Je commençai à me poser des questions.  Savait-il depuis de début où nous allions ?  Suivait-il sa piste d’instinct,  comme l’aurait fait un oiseau migrateur sachant retrouver sa route ? Mais quelle piste, celle de Saint-Cirq, mon chez-moi ou la sienne ?  La journée se passa à voyager, sans perte de temps, comme si mon compagnon d’équipée  se sentait proche du but. Nous arrêtant  juste pour le midi  dans un champ de navets pour caller nos estomacs et celui de notre monture.  Dans la soirée, nous arrivâmes sur une colline, de laquelle une ville qui me sembla assez importante se faisait découvrir.  Pour passer la nuit nous adoptâmes le même stratagème que la veille, une chaumière un peu isolée.   Au petit jour, Altiq  proposa de rejoindre la ville.  D’après lui,  comme à Floirac, nous y passerions inaperçus et pourrions obtenir plus facilement des informations.  Arrivé dans les faubourgs, un flot de personnes se dirigeait vers le centre.  C’était jour de marché, dans les rues le spectacle était partout.  Arrivé au coin de la grande place, Altiq me tendit la bride.

  Tu vas rester ici, tenir compagnie à notre monture. Moi je vais tenter de m’informer.

 

J’étais convaincu qu’Altiq allait se faire quelques bourses parmi les badauds.

 

  Altiq, nous n’avons pas besoin d’argent, nous en avons encore !

 

   Ne t’inquiète pas demi-portion, je ne serais pas très long.

 

Cela faisait longtemps que le petit bonhomme ne m’avait pas appelé par ce nom.  Je restais à attendre, me demandant même un moment si Altiq ne s’était pas fait prendre.  À quelques pas, un harangueur prenait place.  En un instant, la foule s’agglutina et je ne le vis plus,  l’entendant juste. Il ventait les mérites d’une boisson,  qui guérissait tout,  apportait l’amour,  la richesse et la beauté.  Il s’agissait d’un vin de Monbazillac élaboré par les moines du monastère du même nom. J’avais aperçu ce nom de village hier, sur les collines  en arrivant dans la contrée.

 

  Alors maraud, tu attends quoi avec ce destrier?

 

Je me retournai pour apercevoir la bouille d’Altiq,  entourée de cinq autres nains rigolards. Je fus tout de suite rassuré, mais en même temps, je me demandai bien où il avait pu faire ces rencontres.  Je ne m’y trompai pas, il avait tous l’air de parfaits filous.  J’étais certain qu’ils ne gagnaient pas leur vie en travaillant honnêtement. Il y avait quelque chose de changer dans le comportement d’Altiq, peut-être le fait d’avoir rencontré des congénères.  Tout en se marrant,  le petit bonhomme m’accorda une révérence.

 

  Seigneur de Saint-Cirq,  je te présente des amis.  Ils font tous partie du clan Odard. Ils  proposent de nous accueillir quelques jours. Le temps de savoir comment retourner chez toi.

 

Nous marchâmes dans une ruelle,  nous dirigeant vers la périphérie de la ville.  Arrivé devant une taverne « l’Antre de l’Ogre»,   le comparse marchant en tête s’y engouffra sans hésitation. À l’intérieur une animation intense,  des hommes, des femmes de tailles normales buvant et parlant fort.   Les femmes semblaient très affectueuses, les hommes très empressés.  Rapidement  je compris que nous étions dans le fief du clan Odard.  Et puis tout au fond,  assis sur un trône, un nain taillé en force.  Sûrement Odard, le maître de céans. Les cheveux roux longs tombant sur les épaules, moustaches à la gauloise,  muscles saillants,  bras nus, torse seulement vêtu d’un gilet en peau de bête.  À son cou,  descendant bas sur sa poitrine velue,  une grosse chaîne, sûrement en or, retenant prisonnière une énorme pierre noire.  Il portait un pantalon de cuir et des bottes marron.  L’homme se leva, se dirigeant vers nous.  Avec  sa longue dague pouvant lui servir d’épée, et malgré sa petite taille,  le bonhomme impressionnait.  Je  compris alors qu’Altiq et lui se connaissait.  Les deux hommes tombèrent dans les bras l’un de l’autre, se congratulant à n’en plus finir. Je savais maintenant que nous n’étions pas ici par hasard. Altiq savait depuis notre départ où nous allions. Mais qu’elle était son idée, avait-il l’intention de demander lui aussi une rançon à ma famille ?  Ou allait-il me vendre à ces forbans ?

 

  Regardes Odard, je t’amène un ami, un Seigneur de Saint-Cirq.   C’est à l’Est, passé Cahors, le long de la rivière Lot.   

 

L’homme me fixa, intéressé.   Altiq m’avait sorti d’un gouffre pour me faire tomber dans un bouge.  J’étais à cet instant à peu près certain d’être à nouveau otage.  Mais je ne perdais pas espoir, certain de retrouver un jour ma famille.

 

  Viens petit, viens t’asseoir à mes cotés.  Altiq est un ami de toujours, je l’ai accueilli enfant, j’en ai fait un homme. Puis la vie, les évènements nous ont séparés. Mais voilà, tu apparais et il est là de nouveau.  Tu verras avec nous tu seras bien.  

 

  Vous allez m’aider à retrouver mon chemin, à rentrer chez moi ?

 

L’homme,  à peine plus grand que moi, me fixa étrangement.  Puis il éclata d’un grand rire, aussi  profond et aussi noir qu’un précipice. Durant un court instant le silence se fit dans la taverne, puis le brouhaha repris. 

 

  Nous allons nous en occuper petit, mais ce n’est pas aussi facile.  Les choses risquent de traîner un peu. Ici, tu n’as aucune crainte à avoir. Tu verras tout va s’arranger. 

 

Je m’asseyais à coté d’Odard, face à la grande salle.  Je  remarquai alors, que le mobilier, tables et chaises  étaient à la taille des membres du clan, surnommés les ogres, d’où le nom de la taverne.  Derrière un comptoir,  veillant  au grain,  deux ogres engrangeaient les recettes.  Seuls les clients mâles,  les attractions femelles, et les serveurs semblaient être des gens ordinaires.  Le peuple des petits exploitant le peuple des grands. Une revanche en quelque sorte.

 

Je passai la matinée à observer, puis vint l’heure du dîner. Autour d’une table nous nous installâmes une bonne douzaine.  Se passa alors une chose un peu étrange. Altiq se pencha à l’oreille d’Odard et lui murmura quelques mots.  Le chef du clan se tourna vers moi.

 

  Gaillard mon brave, un peu de chrétienté ne nous fera pas de mal. Nous t’écoutons, dis ta prière. 

 

Sans attendre et comme j’en avais l’habitude avant tous les repas,  je récitai le bénédicité : – Seigneur, bénis ce repas, ceux qui l'ont préparé, et procure du pain à ceux qui n'en ont pas. Ainsi soit-il ! Tous les convives, mains jointes m’écoutaient.  Le dernier mot prononcé, Odard donna le signal et tous se jetèrent sur la nourriture qui recouvrait la table.

 

  Vas-y petit, ne te laisse pas impressionner,  il est temps de faire bombance, la ripaille est pour vous.  Pour le retour de notre ami Altiq et pour ton arrivée parmi nous.  Le festoyer doit être joyeux, demain sera un autre jour.

 

Comme à l’auberge de Floirac, je mangeai trop.  Odard me versa même une goutte de vin.  Après le repas,   complètement flapi,  l’un des ogres  m’accompagna dans une chambre,  à l’étage. À peine à l’intérieur,  il referma la porte à clé. Je remarquai alors les barreaux à la fenêtre.  Peut-être pour empêcher les voleurs de pénétrer, où les invités de s’échapper ?  Je passai l’après-midi à dormir et même plus. Lorsque je me réveillai, la nuit était déjà passée. Quelques instants plus tard, la clé tourna dans la serrure,  la porte s’ouvrit, le même ogre me fit signe de le suivre.  Descendant l’escalier,  je tentai de nouer le contact, peine perdue, bouche cousue. Il m’accompagna aux cuisines.  C’est alors que je compris que l’ogre était muet. Ici les ogresses régnaient en maîtres. Il y avait bien cinq jeunes femmes  ordinaires, mais leur rôle consistait juste à obéir. Par geste  il  me fit servir une bonne assiettée de soupe et une grande bolée de lait. Puis il s’installa face à moi, attendant que j’en termine. Il m’accompagna ensuite dans une salle,  assez vaste et très éclairée.  

 

Devant moi une quinzaine d’ogres s’affairaient.  Après quelques instants je compris qu’ils s’entrainaient  à larciner et à combattre.  Ici point de duel épée contre épée.  Non ici,  tout était fait pour ruser un adversaire bien plus grand. Plusieurs mannequins d’hommes ordinaires étaient installés,  soit debout ou assis sur une chaise,  soit sur un destrier.  On y retrouvait,  manant et vilain, mais également le seigneur et la gente dame au marché.  Le commerçant derrière son étal,  l’homme en arme à pied ou à cheval. Altiq avait dû s’entrainer ici.  Je comprenais maintenant mieux comment il avait su se débarrasser de l’homme qui nous pourchassait.  Lorsque je sentis une main sur mon épaule je me retournai en sursaut. Odard était là.

 

  Alors seigneur de Saint-Cirq, que penses-tu de mes ogres ?  Ici, ils apprennent à boursicoter, mais également à occire.  La survie de notre clan dépend de notre capacité à résister au monde des gens ordinaires. Ils nous réduisent à la plus basse expression. Ils nous méprisent juste parce qu’ils sont plus haut sur pattes. Mais ces manants oublient une chose essentielle, nous avons le même cerveau et surtout notre envie de survivre est  bien supérieure à leur simple envie de vivre. Notre affaire marche plutôt pas mal.  Je vais te laisser regarder, et si tu as envie d’apprendre quelques petits trucs, n’hésite surtout pas.  Tu vois l’ogre  qui se trouve au fond à droite, c’est lui le Maître d’arme, il se nomme Artix.  

 

Pourquoi Odard m’avait-il conduit ici ?  Sûrement pour me faire comprendre qu’il était le plus fort et qu’il était inutile de tenter de m’échapper.  Lorsque le Maître d’arme se dirigea vers moi, j’eu comme une appréhension. 

 

  Viens avec moi, je vais t’apprendre quelques rudiments de la vie des ogres.

 

Le petit homme me prit par le bras, et m’entraina vers le milieu de la salle. Au même instant la porte s’ouvrit et un ogre arriva en courant presque.

 

  Artix,  fait faire vite.  Thion s’est fait prendre par les hommes du prévôt.  Ils l’ont mis au pilori sur la Grand’ Place.  Les manants lui envoient des légumes et des fruits pourris,  il est la risée de tous les rustauds.  Des enfants lui ont même jetés des pierres.  Il faut le sortir de là, il faut…    

 

  C’est ce voyou de prévôt, il demande sans cesse plus d’argent. Et lorsqu’Odard refuse il fait un exemple.  Il est temps de donner une bonne  leçon à ce mécréant.  As-tu prévenu Odard ?

 

– Non, il est absent. 

 

– Gaillard, tu vas venir avec nous,  tu verras nos ogres à l’oeuvre !

 

Artix rallia cinq ogres et nous partîmes en direction de la Grand-Place.  Nous aperçûmes Thion, le coup et les bras emprisonnés dans le carcan. Ses pieds touchaient à peine la calle de bois que ses tortionnaires avaient placée pour compenser sa petite taille.  Le petit homme semblait au bord de l’asphyxie.  Pendant qu’Artix se tenait avec moi un peu en retrait, les ogres ne perdirent pas un instant et le soldat qui surveillait fut mis hors de combat en un temps record. En un temps tout aussi record, il remplaça Artix au pilori.  Le spectacle était relancé, les badauds, petits et grands se mirent à applaudir. Faisant immédiatement subir à l’homme ce qu’ils avaient fait subir à Thion, lui lançant des fruits et des légumes pourris.   Je me demandai encore les raisons qui avaient motivées Artix en m’emmenant avec eux.  Depuis le repas d’hier, je n’avais pas revu Altiq.  Cela voulait-il dire qu’il m’avait vendu au clan Odard et qu’il était reparti ?  

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