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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

03 Dec

L'héritière du royaume de Rafaï/1

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Un auteur du Sud Ouest

 

Ce nouveau roman sera disponible chez nos amis libraires, début 2012.

Extrait chapitre 1-case-africaine.jpg


Je me rappelais fort bien de la personne qui m’avait donné ce fusil.  Était-ce elle qui avait introduit la précieuse charge?

Si c’était le cas, pour quelle raison m’avait-elle fait ce cadeau ?  Mais était-ce véritablement un cadeau ? 

Ou alors une autre personne s’était occupé de l’inestimable chargement, mais qui et dans quel but ? 

Toute cette histoire remontait maintenant très rapidement vers moi, un flot de souvenir me submergeait, un peu comme une vague de l’Océan, rafraîchissante, mais très déstabilisante.  

Il est temps que je me présente,  William Pradère,   fils de Baptiste et  Juliette Pradère, enfant unique,  né le 7 novembre 1948 à Fronton  (35 kms de Toulouse).  Mon père était maquignon, ma maman, mère au foyer. Je n’avais pas encore 18 ans lorsque j’intégrais en octobre 1966 l’université de Toulouse. L’histoire-géo me plaisait bien et mon idée était de devenir professeur. Quelques mois plus tard, alors que ma seconde année était déjà bien avancée, la France basculait dans les événements de mai 68. Comme la plupart de mes amis,  je participais aux festivités.  Puis sur un coup de tête, et une déception amoureuse, l’un étant la conséquence de l’autre,  je devançais l’appel pour mon service militaire.

Durant 4 mois  j’effectuais ma formation d’élève officier de réserve (OER)  à l’école de Coëtquidan,  avant d’intégrer le 35ème RAP  à Tarbes.  Aspirant à la 2ème batterie,  je participais à Pau au stage qui devait faire de moi un vrai para.  Quelques semaines plus tard,  je me portais volontaire pour une mission en République Centrafricaine et j’intégrais aussitôt l’état-major de la 11ème  Division de Balma, près de Toulouse.  Prévue pour 3 mois,  cette mission n’avait à première vue rien de guerrière, elle consistait,  d’après les quelques informations que j’avais pu glaner,  à des manœuvres avec l’armée Centrafricaine.   Dix jours  plus tard notre détachement composé de 45 militaires embarquait pour Bangui, sous les ordres du commandant Ferral du 2ème REP. Le légionnaire était secondé par un ancien d’Indochine,  l’adjudant-chef Barlowski du 35° RAP. Malgré mon grade supérieur, je fus placé sous ses ordres. À part l’adjudant-chef, nous n’étions que 3 appelés du  35° RAP. Les autres appartenaient au 2ème Régiment  Etranger Parachutiste (2°REP) de Calvi.  Le 1er mars 1969, nous foulions le tarmac du nouvel aéroport de Bangui-M’Poko. Il nous fallu moins de 24 heures pour nous installer presque confortablement  au camp du Kassaï, à l’Est de Bangui. Notre détachement occupait un bâtiment, un peu en retrait.  La  caserne,  commandée par le lieutenant Centrafricain Jean-Claude Mandaba, datait de l’époque coloniale.

Ancienne colonie française d’Afrique centrale,  l’Oubangui-Chari,  devient la République Centrafricaine le 1er décembre 1958.  Elle  proclama son indépendance le 13 août 1960. Les Français colonisèrent la région à la fin du XIXe siècle et l'administrèrent  jusqu’au milieu du 20ème siècle. Durant la Seconde Guerre mondiale, la colonie se joignit aux Forces alliées. En 1969, le pays était dirigé par le président Jean-Bedel Bokassa.

Officiellement, nous étions ici dans le cadre d’accords militaires conclus de longue date, mais je ne savais toujours pas en quoi notre mission consistait. Nous occupions notre temps à faire du sport, sans jamais nous mêler aux soldats centrafricains,  même pour les repas.  Cinq jours après notre arrivée, je fus convoqué par le commandant Ferral.  
 
–  Aspirant Pradère, d’après votre dossier vous êtes étudiant en histoire-géo !  Vous avez terminé votre deuxième année avec de très bons résultats.  Je ne parle pas des examens, l’année dernière tous les étudiants ont réussis leurs examens.  Je ne sais pas ce qui a motivé votre choix d’arrêter vos études, mais en venant vers nous, vous avez fait le bon choix. Peut-être l’argent des contribuables n’aura-t-il  pas été  dépensé en vain !   J’ai été contacté par Annette Braval,  la principale du collège PIE XII. Cet établissement ne reçoit que des élèves féminins, il est situé tout près d’ici, route de Ouango.  La mère supérieure m’a fait part de sa grande difficulté de recruter des enseignants  français.  Je sais que vous n’êtes pas professeur,  mais la première qualité d’un soldat n’était-elle pas de s’adapter à la situation ?  Il ne vous a fallut que quatre mois pour devenir officier, alors deux années à étudier l’histoire-géo c’est sûrement bien suffisant pour dispenser votre savoir  à des jeunes de 15 à 17 ans. Et puis,  la France a tout intérêt à favoriser l’enseignement de notre langue et de notre culture dans ses anciennes colonies, il en va de notre suprématie dans la région. 
 
J’étais très surpris par la proposition du comandant Ferral, il ne me proposait pas de faire la guerre, mais de jouer les maîtres d’école. Après tout pourquoi pas, c’était bien mon idée de départ de devenir professeur.
 
– Alors, Pradère, vous décidez quoi ? 
 
–  Je suis à vos ordres mon commandant, je commence quand ?

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