L'héritière du royaume de Rafaï/4

Ce nouveau roman sera disponible chez nos amis libraires, début 2012.

Extrait chapitre 4

Le chef Avungara m’accompagna vers une case, qui avait sans nul doute été préparée à mon intention.

–  Installe-toi, je viendrais te chercher pour te faire visiter le village.

Je garais la jeep devant et  y déchargeais toutes mes affaires.  Une petite demi-heure plus tard, le chef Avungara était devant la case. Il nous fallut plus d’une heure pour faire le tour du village. L’homme m’expliqua comment fonctionnait le four collectif, comment était répartie son utilisation entre les habitants de Zandé. Qui devait l’allumer, l’approvisionner en bois et qui devait entretenir le feu.  Le village disposait d’un puits, également collectif. Durant la saison sèche, et surtout vers sa fin,  l’eau était rationnée. Un homme avait l’importante tache de mesurer l’eau tous les matins et de la répartir en fonction du niveau.  Pas très éloigné du centre du village, une grande case ouverte permettait  de prendre les repas en commun, et même par mauvais temps d’y organiser des cérémonies. Cela ressemblait aux salles des fêtes de chez nous.   Puis Le chef Avungara m’accompagna au pied de l’arbre à palabre.  Un gigantesque murier, à l’abri duquel  avaient lieu toutes les cérémonies officielles. Quelques-uns des habitants que nous rencontrions avaient, avec  plus ou moins d’expression,  cette lumière illuminant leur visage. Nous convergeâmes ensuite vers l’école. Il s’agissait d’un baraquement  d’une centaine de m2 ouvert sur la moitié de sa surface et couvert de tôle.  La partie fermée  était formé de murs en terre sèche, mélangée à de la paille entrecoupée de poutre de bois. Les murs à colombages de nos villages  médiévaux.  Dans la partie ouverte une trentaine d’enfants d’âge différents écoutaient religieusement deux hommes en soutane noire. Quelques élèves  s’intéressèrent  alors à nous, tournant discrètement la tête pour nous observer. La sanction fut immédiate, et trois d’entre-deux  reçurent quelques petits coups de fines tiges de bois sur la tête.  Nous attendîmes la fin des cours et les enfants quittèrent dans l’ordre et le silence les lieux.  Le chef Avungara me présenta aux frères,  Tristan et Pascal. Ils appartenaient tous les deux à la mission de Bangassou.  Les deux religieux, ne m’adressèrent pratiquement pas la parole.  Leur attitude à mon égard me sembla soupçonneuse, pas franchement agressive, mais pas franchement chaleureuse non plus.  J’avais l’impression que les hommes avaient déjà entendus parler de moi. Nous nous éloignâmes ensuite, retournant vers sa case.

–  Des hommes du village t’on vu pêcher, apparemment tu te débrouilles plutôt pas mal.  Si tu comptes rester parmi nous quelques jours, il serait bien que tu apportes ta contribution, une façon de mieux te faire accepter.  As-tu déjà chassé ?   

–  Non,  mais je peux apprendre !  Vous chassez comment, avec des lances, des arcs ?

Ma question n’était empreinte d’aucune moquerie,   mais elle révéla une certaine part de susceptibilité chez l’homme.

–  Non pas du tout, nous ne sommes plus à la préhistoire, nous avons des fusils.  Pensez-vous que nous sommes des sauvages,  seulement parce que nous avons la peau noire et que vivons dans des cases ?

Je devais très attention à mes paroles,  ici,  j’étais toléré, mais j’avais l’impression que mon crédit pouvait rapidement s’effilocher.