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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

06 Mar

Le Dépendant de Paris - Les cahiers de mon père

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Un auteur du Sud Ouest, #Michel Zordan, #les exilés de l'arcange, #Les cahiers de mon père

Collection les exilés de L'Arcange - Les cahiers de mon père : extrait -

Haine et zizanie chez Les Montazini - accueilli en France comme des héros, au tout début des années trente, le vernis craque chez les Montazini. Il est de notoriété publique que les membres de cette famille,  arrivés en Gascogne déguisés en simples immigrés réfugiés politiques, étaient en réalité des fascistes de la pire espèce. Il serait sans doute très intéressant pour les autorités italiennes,  dont le pays manque cruellement d’argent, de se pencher sur les sommes détournées par tous ces pseudo réfugiés qui ont quitté le pays très souvent les poches bien pleines. Il faut savoir qu’à peine arrivé en France, en février 1930, Émilio Montazini a acquis au Pays de l’Armagnac un très important domaine viticole. Je vous laisse juge, mais je me permets d’ajouter qu’Émilio Montazini n’a jamais pu obtenir la nationalité française, et il est donc toujours italien. Peut-être une chance pour les autorités de ce pays. En trente ans cette famille s’est hissée au plus niveau de forfaiture que des gens de cette espèce ne pourront jamais atteindre. Dans leur catégorie,  ils ont droit à la médaille d’or. Toutes ces années, ils les ont passés à escroquer, à mystifier et à combiner. Rien ne les arrête, ni le brigandage ni le crime. La preuve en est,  ce dernier assassinat perpétré par le patriarche Émilio Montazini il y a moins de vingt-quatre heures. Après avoir berné et dépouillé quantité d’honnêtes Français de souche, voilà que les Montazini commencent  à s’écharper entre eux. Entre Fermes, entreprises, hôtel particulier à Paris, pièces d’or et autres valeurs, le pactole est conséquent. Et qui dit héritage avec pactole,  dit règlement de compte.  L’affaire a commencé il y a quelques mois, lorsque le patriarche a décidé d’installer Baptiste,  son petit-fils illégitime de quinze ans,  comme son dauphin. Illégitime, car ce petit-fils tombé du ciel il y a dix ou douze ans, n’a jamais convaincu Mariéta la fille ainée du patriarche. Pour elle,  Sonia Etchebéry, la mère a usé de stratagème pour le faire reconnaître à l’âge de quatre ans par son frère et supposé père de Baptiste. Je précise que le frère et supposé père,  Sylvio Montazini s’est  réfugié en Australie, après avoir fait assassiner mon pauvre père. Cette femme, et Émilio Montazini ont d’ailleurs quelques années plus tard monté un traquenard  pour attirer des cousins espagnols dans leurs filets à L’Arcange et les tirer comme des lapins. L’ainé des cousins y a laissé sa vie, abattu de sang-froid par sa propre cousine Sonia Etchebéry. Cet assassinat a permis à cette instigatrice perverse de récupérer un substantiel héritage auquel elle ne pouvait prétendre. Bref, ces gens sont des loups assoiffés d’argent et de sang. Et lorsque les loups se battent entre eux, rien ne les arrête,  et les dommages collatéraux sont importants.  Aujourd’hui deux chefs de clans sont face à face. D’un côté le patriarche qui a désigné son dauphin, le propre fils de Sonia Etchebéry ; en face la fille, Mariéta Montesquieu qui ne veut pas en perdre une miette. La bataille vient de débuter, et déjà le premier assassinat et le premier blessé grave sont à mettre au compte du patriarche qui n’est pas à son coup d’essai. L’affaire a débuté il y a moins d’une semaine, lorsqu’un ou plusieurs individus ont mis le feu à la ferme de L’Arcange, repaire  des Montazini. Dans la foulée, sûrement des individus de la même bande saccageaient à coups de scies les vignes du domaine. Dans la même nuit, ils revenaient sur le lieu de leur premier crime, rôdant autour de la maison. Averti par le chien, le patriarche les mettait en fuite,  peut-être un peu trop facilement.  Pourquoi ces individus sont-ils revenus aussi rapidement sur les lieux de leur premier forfait ? Et pourquoi en sont-ils repartis aussi facilement ? Sans doute pour essayer de tromper Émilio Montazini. Lui laissant croire que ses adversaires n’étaient que des saltimbanques pas très dangereux, préparant ainsi la véritable attaque qui devait s’avérer fatidique. Et elle s’avéra fatidique, mais pas dans le sens espéré par les jeunes voyous. C’est dans l’après-midi d’avant-hier qu’ils procédaient à la véritable attaque,  tentant de noyer Baptiste,  le dauphin en le jetant dans le puits. Le jeune homme qui a de qui tenir, s’en sortait miraculeusement. C’était sans compter sur l’acharnement des adversaires qui avaient, au cas où,  glissé dans le lit de ce même jeune homme trois magnifiques spécimens de vipères aspics.  Encore une fois, le jeune Baptiste s’en sortait miraculeusement en tuant de ses propres mains les trois reptiles très venimeux. Un jeune garçon d’à peine quinze ans qui tue à main nue trois vipères aspics, on peut dire qu’il a été à bonne école. Je dois quand même préciser que ce jeune homme n’est pas véritablement un débutant.  Il y a moins d’un mois, dans la campagne de Saint-Jean-Pied de Port, il tuait,  après l’avoir précipité d’une falaise, un ours de presque quatre cents livres. Puis il a ramené son chien blessé de presque quatre-vingts kilos, au bourg, le portant sur ces épaules sur plus de cinq kilomètres. Nous n’avons pas affaire à n’importe qui.  Les jeunes voyous impliqués dans cette affaire,  l’un abattu et l’autre grièvement blessé dans la nuit de mercredi à jeudi, sont des amis de François Montesquieu, petit-fils déchu du patriarche. La police n’a pas mis très longtemps pour découvrir le pot aux roses.  Je me dois de préciser un détail qui a son importance, Émilio Montazini s’est toujours sorti de l’embarras grâce à l’appui de personnalités corrompues. Juste pour mémoire, dans les années d’après-guerre, le patriarche s’est permis d’assassiner un complice dans la salle même du tribunal, devant lequel il comparaissait. À sa place, n’importe quel autre assassin aurait été condamné à la guillotine. Lui s’en est sortis avec un non-lieu !  Ahurissant n’est-ce pas ! Lorsque j’évoque ces personnalités corrompues, je parle du haut du panier : très haut gradé, héros de la dernière guerre et ami de notre actuel chef de gouvernement,  Charles de Gaulle; magistrat très bien coté par la hiérarchie ; homme politique ayant ses entrées au gouvernement ; enseignants décorés des palmes académiques; plus quelques menus fretins toujours bien placés pour donner un coup de main. Bref que du beau monde. Que fera cette fois la justice ?

Garance de Périsac, grand reporter au Dépendant de Paris. 

PS : Pour me permettre de faire avancer la vérité, j’invite tous ceux qui ont des informations concernant les Montazini à me les transmettre. D’avance merci.

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