Occitania, les voleurs de Royaume

Jeanne Hermensende herboriste de son état habite la ferme de Manguia, sise sur la commune de Vianne en Gascogne. Je l’ai rencontré sur un marché fermier, il y a quelques semaines. Après un échange de quelques mots, nous sommes devenus amis. Je remarque tout de suite que Jeanne n’est pas un être ordinaire. Taquinant ma curiosité, elle m’invite dans sa ferme, me promettant d’en dire plus sur la louve. La louve gravée au burin sur l’une des pierres de l’abside de Notre-Dame. Lors de ma première visite, à peine ma voiture garée sur le bord de la petite route, je découvre à l’orée d’un bois la magnifique et insolite maison à colombages. Jeanne ramassant des plantes médicinales dans la campagne est absente. Attendant son retour, un mystérieux grimoire attire mon attention. Tout à-côté, une carafe pleine d’un étrange breuvage doré, fin et transparent. Le soleil cogne déjà fort et j’avise à quelques mètres, sous un magnifique chêne sûrement plusieurs fois centenaire un fauteuil de bois, le fût du chêne servant de dossier. Le premier grimoire me contait l’histoire de Gauthier Valdemar, Seigneur de Lasmazères ; le deuxième, celle de Gaillard, seigneur de saint-Cirq…
Je ne peux résister à l’envie de retourner à la ferme de Manguia une troisième fois… À mon arrivée le matin de bonne heure, comme la fois d’avant, et celle d’avant, ramassant des plantes dans la campagne, Jeanne est absente. Mais un autre grimoire et une autre carafe de l’étrange élixir sont là bien en vue. N’attendant que moi pour un nouveau grand voyage dans les méandres des contes et des légendes.
Pour le prochain solstice d’été, toute la famille La Popie est conviée aux épousailles du protégé d’Amanieu VI, le sire d’Albret. C’est un allié de poids résidant en Gascogne. Ce protégé se nomme Gauthier Valdemar, Seigneur de Lasmazères. Il épouse Éléonore, la fille de Raimon Gislebert, bailli de Nérac et de Dame Jeanne de Favresse. On ne sait trop rien sur ce jeune seigneur qui est, paraît-il, brave et intrépide. Le sire d’Albret mise apparemment beaucoup sur lui. Le voyage jusqu’à Nérac prendra au moins quatre jours.
Ceux qui soutiendront que cette histoire n’a jamais existé ne connaissent rien à la vraie vérité, ou ils en ont peur. La vraie vérité, on ne la trouve pas dans les livres d’histoires, mais seulement dans les contes et les légendes racontés le soir, lors des veillés au coin du feu par les anciens.