Mic-mac de bécasses

Je pense que l’affaire commence réellement ce jour-là.
Je suis au musée depuis déjà une heure, lorsque vers huit heures, je reçois un appel de François Basillian. Je présume qu’il veut me signaler la présence de Virgnole, ou celle d’une bécasse, mais sa voix est fébrile, et la raison est tout autre.
– Il est là, devant moi, dans la grande salle du manoir, allongé dans une mare de sang. Je lui apportais un panier de légumes et un poulet prêt à cuire, et il est là, mort allongé dans une mare de sang, c’est horrible qui a pu faire ça ?
François me parle du Gonzague de Saint-Sardos, le duc.
– As-tu joint l’adjudant-chef Brigantin ?
– Non, pas encore, mais… mais… je ne sais pas trop…
– François, je vais le joindre moi-même, ne touche surtout à rien. Sors et attends-moi devant le manoir, j’arrive immédiatement…
---------------------
Mais peut-être n-a-t-elle commencé que quelques semaines plus tard.
Huit jours seulement après l'assassinat du Duc, le grand Grégoire s’installe dans le manoir. Son déménagement n’est pas tout à fait terminé, reste à « meubler » la salle sécurisée. Ça sera fait avant la fin de la semaine. Il repart vers Paris, le mardi, pour être de retour le vendredi. Après ma journée au musée, j’y fais un saut. Les déménageurs en ont terminé et sont sur le point de repartir. Sur le pas de la porte du manoir, le grand Grégoire converse avec une très, très belle jeune femme. Grande, blonde, très beau châssis. La demoiselle a tout pour communiquer avec efficacité.
– Bonjour Martial, je te présente Claudia, une amie qui va pour quelque temps habiter le relais de chasse. Claudia, je te présente Martial, c’est l’ami dont je t’ai déjà parlé. Il est le directeur du Musée de Saint-Jean. Ses parents habitent une magnifique ferme, leurs chambres d’hôtes sont splendides.
Plutôt très bien charpenté la demoiselle. Je lui tends ma main, lorsqu’elle la prend, susurrant un « bonjour Martial », j’ai l’impression qu’un fluide bouillant se déverse dans tout mon être. Sa main est douce, un véritable écrin de soie. Sa chute de reins, ses fesses mis en évidence par un minuscule short, sa poitrine, ses jambes, son visage, ses cheveux… Je dois rapidement parler, pour contenir mon trouble. Son sourire étincelant, ses dents… putain qu’elle est belle. Le fait de ne plus avoir de petites amies depuis quelques semaines entre-t-il en compte dans ma réaction ? Peut-être, en tout cas, elle est canon. Je parviens tout de même à balbutier quelques mots.
– Mademoiselle… très honoré de faire votre connaissance. Vous… vous êtes la bienvenue à Saint-Jean.
J’en ai presque oublié mon ami et je fais des efforts surhumains pour surmonter mon émoi. Je dois très rapidement aiguiller ma libido sur un autre sujet, celui-là devient trop brûlant.