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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

08 May

Les cahiers de mon père

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Michel Zordan, #Un auteur du Sud Ouest, #rentrée littéraire, #les exilés de l'arcange

un héritier à L'Arcange

La bataille de la montagne Arradoy - Extrait : Pour un blaireau ou même un renard, il n’aurait pas agît de cette façon. Il doit s’agir soit d’un sanglier ou alors, ou alors d’une bestiole beaucoup plus imposante encore. Mais une bestiole plus imposante je n’en vois qu’une : l’ours. Le dernier a été aperçu en Soule du côté de Mauléon-Licharre, il y a une dizaine d’années. Je n’ai jamais entendu Maman, ni même personne d’autre parler d’ours dans la montagne Arradoy. Puis un grognement sourd venant de la pente, légèrement au-dessous de nous, à moins d’une dizaine de mètres se fait entendre. Le grognement se fait plus puissant et dans le même temps j’aperçois les baliveaux bouger assez brutalement. La bête est là, et s’avance vers nous. Je distingue une forme assez volumineuse se déplaçant sur ses pattes arrière. Réglisse a compris que le danger est imminent, qu’il doit agir vite. Sans attendre mon ordre, il fonce dans la pente. En moins de cinq secondes, la bataille s’engage, féroce. Réglisse ne pèse pas lourd face au mastodonte, cent vingt livres, contre trois à quatre cents, peut-être plus. Heureusement il est beaucoup plus souple. La pénombre m’empêche de bien distinguer, je n’entends que des grognements et n’entrevois que des mouvements. Des formes qui tantôt se mêlent, s’entremêlent et tantôt se démêlent. Je fixe la scène, angoissé, et impuissant. La seule chose que je puisse faire c’est attendre. La pente est assez raide, au beau milieu de la végétation, les combattants roulent dangereusement vers le bas. Ils vont bientôt atteindre le chemin en contrebas. Au-delà, c’est une petite falaise d’une dizaine de mètres. Sans trop en savoir la raison, je cours vers l’endroit fatidique. Lorsque j’y parviens, c’est trop tard, le vide vient d’avaler Réglisse et l’ours, seul un bruit sourd me parvient. Pendant quelques secondes c’est le silence total, puis il me semble entendre des gémissements, mais impossible de distinguer quoi que ce soit.

– Réglisse, Réglisse, tu m’entends… Répond Réglisse, tu m’entends….

De toute façon, même s’il m’entend, comment pourrait-il me répondre ? En tendant bien l’oreille, ce sont bien des gémissements que je perçois. Mais s’agit-il de Réglisse ou de l’ours ? Je ne peux pas descendre directement, trop abrupt. Je cours sur une centaine de mètres, le sentier fait un lacet et descend légèrement et je peux enfin accéder à l’étage inférieur. Si l’ours ne s’est pas enfui, ou s’il n’est pas mort, peut-être est-il là à m’attendre ! Tant pis, de toute façon je dois retrouver Réglisse. Gardant le sentier en ligne de mire, je me dirige au travers des taillis vers le lieu de la chute.

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