La Hidra

un héritier à L'Arcange

Un héritier à L'Arcange - Extrait : Il faut me croire Baptiste, le gouvernement à besoin de nous discréditer auprès du peuple. Il le manipule depuis toujours et il veut lui faire croire que nous sommes des bandits, des voyous de grand chemin. C’est faux, le seul but de La HIDRA, est la résistance à la dictature de Franco partout en Espagne. Nous voulons libérer notre pays du joug de la dictature franquiste. Moi, avec mes amis, j’œuvre surtout en Pays Basque. Depuis toujours ses habitants subissent plus que tous les autres en Espagne. Tu en sais quelque chose puisque toute ta famille a péri sous les bombes incendiaires des nazis, et des fascistes. C’étaient les alliés de Franco. Mais même ici, dans cette prison, au fond de cette geôle, nous avons des amis et j’ai pu savoir que nous allions être transférés à Madrid demain, en début d’après-midi. Aberri et Samuel ne savent pas. Cette information est ultra confidentielle, très peu de personnes sont au courant. Ils souhaitent rester très discrets. Là-bas, ils pourront sans problème nous condamner à la prison à vie. Peut-être même serons-nous garrottés en place publique. Le procès sera une véritable parodie, mais très retentissant. La presse espagnole et étrangère, la radio, la télévision, tous seront conviés, pour assister à l’hallali de La HIDRA et de la fille De Gabino, son fondateur. Les autorités pensent que ce simulacre sera très productif pour le régime de Franco, mais elles se trompent. Il va se passer exactement le contraire. Tu sais Baptiste…La HIDRA a été fondée par mon père, Gabino Gutierrez, en 46, juste après la guerre. Son engagement dans la Résistance aux côtés des Français lui a fait comprendre certaines choses. Pour lui, si les Républicains avaient perdu la lutte en Espagne, c’était à cause de l’organisation défaillante. Avec les alliés, s’ils avaient réussi à vaincre le nazisme et le fascisme, c’était en partie grâce à une bonne organisation. Mais pour lui rien n’était perdu, et il pensait que pour vaincre le franquisme il devait impérativement s’organiser et trouver des alliés. Alors il s’inspira des structures de la Résistance Française après 43. Et avec des amis Espagnols, anciens résistants comme lui, ils imaginèrent et créèrent La HIDRA. Mon père avait choisi ce nom, parce qu’il souhaitait que l’organisation s’inspire de l’hydre d’eau douce. Cette créature, avec ses multiples bras, et grâce à ses capacités régénératrices exceptionnelles, est immortelle. La HIDRA imaginée par Gabino possède de nombreuses têtes, organisées en cellules qui grâce à ses bras rayonnent sur toute l’Espagne. Chacune des têtes est une entité à part entière, et dispose d’une autonomie propre. Les cellules d’une même tête peuvent communiquer pour coordonner des actions locales, régionales. Et grâce à La HIDRA, les têtes peuvent également communiquer pour entreprendre des actions de plus grandes envergures. L’idée De Gabino est que si l’une des cellules tombe, elle ne doit pas entraîner les autres. En plus de l’organisation centrale de La HIDRA, en Basque qu’il est, Gabino, créé le bras, la tête et les cellules qui rayonnent sur la partie Nord-ouest de l’Espagne. La région qui correspond au Pays-Basque. Des tas d’histoires horribles courent sur La HIDRA, mais tout est faux. Même l’église s’y est mise, elle compare notre organisation de libération, au Diable. Elle demande même à ses fidèles de ne pas prononcer son nom, sinon une malédiction s’abattra sur eux. Il n’y a que ceux qui soutiennent Franco qui peuvent redouter La HIDRA. Traqué par toutes les polices d’Espagne durant des mois, mon père est assassiné en 58. La HIDRA n’est pas au mieux. J’ai alors 18 ans et je reprends le flambeau, en me consacrant d’abord à la tête qui œuvre en Pays Basque. Je fais tout pour garder des contacts entre les différentes entités de La HIDRA. Les actions concertées sont pour le moment pratiquement inexistantes, c’est dur, mais je garde espoir. La tête en Pays Basque et ses cellules repartent maintenant d’un bon pied, elles comptent déjà un très grand nombre de membres et beaucoup de sympathisants. Trois membres en plus ou en moins, ça ne changera pas grand-chose à la marche de l’histoire. J’ai pris un peu exemple sur La HIDRA pour organiser la tête qui œuvre en Pays Basque. Elle est maintenant dirigée par une collégiale de plusieurs membres. Chaque membre représente une cellule. Si l’un des membres directeurs disparaît, un autre reprendra sa place. C’est l’immortalité assurée pour La HIDRA. Pour le moment nos actions sont non violentes. Elles se limitent à des réunions, des distributions de tracs subversifs, des manifestations. Nous sommes sur tous les marchés, toutes les foires, toutes les fêtes de la région pour tenter de mobiliser les Basques. Ce n’est plus…