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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

18 Jul

la villa du truand

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Un auteur du Sud Ouest, #Michel Zordan, #la villa du truand

la villa du truand

Extrait suite...Mais j’ai un autre problème à régler, plus personnel, celui de mon épouse Karine et de mes deux enfants Loïc et Christelle. J’ai un peu sondé ma femme et je ne la sens pas prête pour un exil. Mes enfants non plus d’ailleurs.

Karine a son travail dans un ministère à Paris, Loïc et Christelle, leurs copains, et pour eux, pas question de quitter la région parisienne et encore moins la France. Il y a seize ans que nous sommes mariés, nous avons fait le tour l’un de l’autre et plus grand-chose ne nous retient vraiment ensemble. Même les enfants, Loïc quatorze et Cristelle seize ans sont persuadés que la séparation est la bonne solution. À cet âge là, les enfants font leur crise d’ado, ils sont même parfois odieux. Ça me peine un peu, mais lorsque la situation sera redevenue normale tout s’arrangera. Le désaccord est total et le divorce inéducable. Un PDG n’est pas un employé ordinaire et il n’a pas droit au chômage, je suis donc insolvable et ça m’arrange bien pour m’éviter de verser une trop importante pension alimentaire. Mais je me dois en plus d’endosser le costume de l’homme qui a perdu toute confiance en soi, qui se replie sur lui-même, au bout du rouleau, proche de la dépression. Ma femme n’a rien à faire d’un mari diminué, au bord de l’implosion, et rapidement le divorce par consentement mutuel est prononcé. Je joue tellement bien le rôle de l’homme au bord de la rupture, que la juge est plutôt magnanime. Elle propose même de m’octroyer, parité oblige, une pension que devra me verser ma future ex-femme. Voulant en terminer au plus vite, Karine accepte et notre maison de Neuilly est vendue à parts égales. J’ai besoin d’un maximum de cash pour me relancer et je négocie une part plus importante de la maison en renonçant à la pension.

Durant toute le période de transition et les diverses tractations, je m’accorde plusieurs voyages en Angleterre au motif de trouver du travail. À chaque fois, j’en reviens encore plus déprimé qu’au départ. J’aurai fait un excellent comédien. La raison de ces voyages n’est bien sûr pas la recherche d’un boulot. Mais ma réorganisation pour un nouveau départ, qui compte tenu de mes ateliers secrets en Espagne est en réalité une continuité. Vous devez vous demander comment j’ai pu accumuler assez de capitaux à l’étranger, sans éveiller de soupçons. La solution a pourtant été assez facile. La ROMOTICK SA avait une bonne clientèle en Angleterre, et dans toute l’Amérique du Nord. Prenant pour prétexte le défaut de paiement d’un client américain, j’avais chargé un cabinet spécialisé de Jersey, de suivre et surveiller les clients et de recouvrir tous les paiements venant de cette zone. Puis, rapidement tous les paiements étrangers transitèrent par Jersey. Je n’en reversais qu’une partie en France, en imaginant même au passage quelques faillites bidon. Tant que tout va bien, personne ne va voir ce qui se passe de l’autre côté des frontières. En plus à Jersey, ils ne causent pas à tort et à travers. Et quand tout s’écroule, il est déjà trop tard.

Mon pactole jersiais est assez conséquent et les autorités anglaises me traitent en VIP. Laissez les sous venir est leur slogan préféré, ils ne comprennent pas que la France puisse pousser les patrons à l'exil sans rien faire.

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