Embrouille de foie gras façon kalach
Collection le net au pré...Extrait - Le Presbytère, c’est le nom du magasin. Pour les nostalgiques du passé cette fois, entre deux plaques de chocolat Cémoi, paradent des paquets de chicorée Arlatte, les pâtes Brusson Jeune, les biscuits Gazon ou encore le chocolat Lombard et… et les attrape-mouches bien gluants et très efficaces que l’on suspend au plafond dans les cuisines. Les plus anciens se souviennent de ces attrape-mouches en forme de serpentins que l’on déplie. En même temps, ça servait d’attraction. Il n’y avait pas de télé, et voir une mouche se faire prendre par une aile et se débattre durant des heures, ça valait sûrement une émission de télé-réalité d’aujourd’hui. À mon avis, côté cerveau des participants, ça devait être kif-kif, avec quand même un petit avantage pour les mouches. Et en plus c’était du vrai direct, pardon « live », pas de possibilité de magouillage au montage. Pour les enfants certains magasins installent des jeux. Le curé lui, a installé sur un rayon à mi-hauteur (hauteur des yeux pour les gosses) des dizaines et des dizaines de bocaux de sucrerie. Carambars, caramels, sucettes, réglisse, guimauve, boules de gomme, nougats, pâtes d’amande ; j’arrête, je prends du poids juste en les énumérant. Même les grands et surtout les grands s’y laissent prendre. Ils ont une excuse, ils achètent pour les petits et en prennent juste une poignée au passage. En quelques semaines le bouche-à-oreille a très bien fonctionné et le Presbytère est rapidement devenu une attraction touristique. Piqué au vif, notre boulanger Olivier Aignard, ancien rugbymen, 2mètres10 sous la toise, 0T137 sur la balance (il y a eu inflation depuis le dernier roman), transforma sa boulangerie contemporaine en boulangerie des temps anciens : four à bois, enseigne émaillé, étagères poussiéreuses et tout le reste. Même sa femme Odette et sa nouvelle vendeuse Étiennette (l’ancienne, Patricia s’est mariée et ne travaille plus) sont habillées d’époque et…ça marche. Puis le bar, lui aussi contemporain, fut transformé en café restaurant auberge d’époque, par un maître queux parisien. Virgile Grangveneur en avait assez de servir de la cuisine « new » dans la capitale. Profitant de l’aubaine et d’une substantielle prime du département, de la région, du pays et de l’Europe (c’est-à-dire nous), un fabricant de bougies, un maréchal-ferrant, un sabotier, un bourrelier, un barbier coiffeur, un batteur d’étain, un cordonnier sont venus s’installer. La grand-rue a été pavée façon médiévale. On a ressorti les vestiges d’un lavoir en laissant croire qu’il s’agissait des vestiges d’une forteresse et le tour était joué. Mais c’est pas fini, profitant encore et toujours de la profusion de fonds, se déversant sans compter, de la communauté de communes, du département, de la région, et de l’Europe (encore et toujours nous) le conseil municipal votait même la restauration de la vieille halle (sauf qu’il n’y a jamais eu de veille halle à Saint-Jean.) L’ancienne datait d’une quinzaine d’années, celle d'aujourd’hui, flambant neuve semble dater du XIV°. On ne parle plus du village de Saint-Jean, mais du bourg de Saint-Jean. Été, comme hiver, ça remue. Et les jours de marché, c’est même la cohue. Petit détail qui a son importance, la boutique du curé, le général store de Saint-Jean est tenu par une jeune et très charmante jeune femme qui répond au doux prénom d’Émilie. On ne sait trop rien ou presque d’Émilie, et certaines mauvaises langues se laissent aller à insinuer qu’entre elle et le curé…le père Deslandes… Bref, vous l’aurez compris… Des mauvaises langues… C’est vrai, ils cohabitent sous le même toit, dans la même maison, mais ça ne veut pas dire dans le même lit, et c’est sûrement pour faire des économies. Lorsque vous faites du covoiturage, vous ne couchez pas obligatoirement avec...Les gens tout de suite… Bref, je ne vais pas en rajouter.