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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

26 Feb

du foin sur le green

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Littérature, #roman, #Un auteur du Sud Ouest, #Loisirs&Culture

du foin sur le green
du foin sur le green

Bref, notre bourg se voyait maintenant jusqu’à Londres et même bien au-delà et les conséquences n’allaient pas tarder à se faire ressentir. Petite compensation, les râleurs de tous poils avaient de quoi occuper leur passion.

C’est dans cette campagne, il y a quatre ans, qu’Ashley et Daryl Maxwell, des Anglais de Londres, jetèrent leur dévolu sur le Moulin de Saint-Jean. À part son côté dominant, sa surface imposante, et ses murs de pierre, la bâtisse complètement en ruine et envahie par les ronces n’avait rien d’exceptionnel. Après d’importants travaux qui lui redonnèrent éclat, prestance et dignité, Ashley et Daryl prirent possession des lieux. Avec la maison, les Maxwell avaient également acheté quelques parcelles de bois et des friches, certaines attenantes à la maison, d’autres disséminées et enclavées parmi les terres agricoles. Le tout dépassait les trente hectares. Certains agriculteurs avaient, un peu tard il est vrai, proposé de racheter quelques parcelles qui jouxtaient leurs terres. Mais les Maxwell avaient toujours refusé.

Daryl, âgé de 53 ans, et Ashley de 38, travaillaient tous deux dans la communication. Ils œuvraient grâce à Internet et l’ADSL qui couvrait depuis peu Saint-Jean/Automne. Le couple avait adopté deux chevaux et il n’était pas rare de rencontrer la dame, montant l’un d’eux, un hongre pommelé, le long des routes et des chemins.

Quelques mauvaises langues avaient laissé entendre que les Maxwell n’avaient pas quitté Londres seulement par amour des vieilles pierres, de la campagne et du Sud-Ouest. On avait appris on ne sait trop comment, et on ne sait trop par qui, que dame Ashley avait des passions cachées. Daryl son époux l’aurait, pour la protéger des démons de la jeune chair, convaincu de venir s’installer avec lui en France. Certains s’étaient même avancés jusqu’à dire qu’elle pouvait s’accommoder aussi bien de chair mâle que femelle, pourvu qu’elle fût tendre. Toutefois (vous savez ce que c’est en province, on s’étonne d’un rien et il faut s’occuper, surtout au printemps et en été, les journées sont longues, et même en hiver parce que là, ce sont les soirées qui sont longues) personne n’était en mesure de prouver quoi que ce soit (enfin pas pour le moment). Tous ces ragots n’étaient sûrement que l’œuvre d’envieux, de jaloux et de malfaisants.

De toute façon, ici, Daryl pouvait légitimement espérer que son épouse Ashley ne subît aucune tentation. Les seuls Anglais du village (pardon, du bourg) avaient plus de 50 ans, donc pas de risque.

Malheureusement c’est mon âme que le diable choisit de sacrifier pour tenter la pécheresse. Après un premier avertissement sans frais, je persévérai, tant la deuxième couche me semblait encore plus attrayante que la première. Maman m’avait mis en garde, papa également, mais en pure perte. Tout le monde le sait, les jeunes savent tout et ont toujours raison, les parents radotent sans cesse, ils ont peur de tout. Et puis les évènements s’enchaînèrent assez rapidement, je fus pris dans l’engrenage, dans un tourbillon. J’en avais conscience, mais incapable de quitter le chemin, je persistais. Malheureusement, la tuile reçue sur ma petite tête était d’un très gros gabarit et subsiste encore aujourd’hui quelques morceaux ici et là.

Le siège de « La palombe blanche », l’association qui m’avait valu une partie de ces ennuis, n’était plus à la ferme et je ne m’impliquais maintenant dans celle-ci que très rarement.

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