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Michel ZORDAN présente des extraits de ses romans. Il se laisse également aller à quelques réflexions sur l’actualité.

18 Apr

une ombre sur le Monde

Publié par Michel Zordan  - Catégories :  #Un auteur du Sud Ouest, #les exilés de l'arcange, #Une ombre sur le monde

Aujourd’hui encore le sinistre individu traînait ma famille dans la boue, son article sentait le soufre et la puanteur : « Comment la famille Montazini, fascistes notoires, s’y est-elle prise pour s’enrichir et traverser sans encombre cette guerre que les Français ont su gagner après tant de sacrifices et beaucoup de sang versé ? Grands stratèges de la manipulation et de l’escroquerie, Émilio Montazini, Sylvio le fils, Mariéta la fille et Julien Montesquieu le gendre ont le plus simplement du monde détourné les richesses d’une brave vieille dame, résidant dans notre capitale. Il faut reconnaître que cet Italien, arrivé on ne sait trop comment en 1930, avait bien manigancé son affaire. Dès 1933, il avait mis sa fille Mariéta dans la place. Il s’était aussi arrangé pour couper tous les contacts entre cette dame et ses enfants qui résidaient à l’étranger. Sûrement sous la contrainte, cette dame avait été obligée de pourvoir aux études de la jeune fille, dans un des lycées les plus en vue de la capitale. Petit à petit, alors que cette brave femme portait le lourd fardeau de ses quatre-vingt-dix ans, sa fortune passait intelligemment dans l’escarcelle des Montazini. En 1938, Mariéta épousa un complice, Julien Montesquieu, qui allait les aider à préparer le hold-up du siècle. Il faut préciser que Julien Montesquieu était le banquier de la vieille dame lésée. Moins de trois mois après le mariage, l’hôtel particulier passa des mains d’Edmonde de Barsac, dans celles de Mariéta, de Julien et de Sylvio, le dernier des Montazini. Le coup était très bien orchestré, puisque la vieille dame avait été obligée de céder l’immeuble en viager, alors qu’elle était âgée de quatre-vingt-dix ans et n’avait guère plus d’espérance de vie. Là encore, Émilio Montazini a fait preuve d’un génie malveillant, les sommes versées tous les mois à la vieille dame étaient fictives, puisqu’elles provenaient de sa propre fortune. Mais chaque mois, elle devait remettre cette somme en banque et faire un reçu aux Montazini. Il faut savoir qu’en 1940, les Montesquieu ont prétexté de l’occupation de la capitale pour obliger la vieille dame à s’exiler avec eux aux fins fonds de la France. Cette brave vieille dame se retrouva malgré elle en Gascogne, fief des Montazini, loin de ses enfants et de ses amis. La situation était idéale pour porter l’estocade et la détrousser totalement. Alors que cette dame avait été habituée à vivre dans le confort de son hôtel particulier, elle se retrouvait logée dans un vieux cellier, sans aucune commodité. Mais les Montazini poursuivirent leur œuvre de dépouillement en obligeant la vieille dame à payer un loyer très élevé en pièces d’or. Il est évident que cette famille mafieuse est coupable d’abus de faiblesse caractérisé, que la justice de notre pays doit punir avec une très grande sévérité. Leur dernier coup en date, juste avant la mort suspecte de la vieille dame, c’est le prêt accordé à Mariéta et Julien Montesquieu pour l’achat d’une importante affaire de matériel agricole à Agen. Comme toujours l’affaire a été montée intelligemment. Le prêt semble légal, les taux sont dans la moyenne. Mais les délais de remboursement s’étendent eux sur une très longue période, vingt ans, et surtout les héritiers lésés n’ont aucune garantie ».

L’article était signé Rudolf Têtard.

Pour le lendemain, la fouine promettait des révélations encore plus sulfureuses. J’étais vert de rage, le rat n’avait pas perdu la main, il fallait réagir rapidement.

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